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Noemi Noemi

30 juin 2013

Sunday in Yokohama

Living in Tokyo is far better than many people think : no, there is not only concrete and glass everywhere around; yes, Tokyo is full of trees, parks, garden, and even woods. No, the whole city is not noisy with roaring cars and crying trains ; business districts apart, many residential areas are so silent that you wonder if you are really in one of the busiest megapole of the world. You can perfectly find peace and green in Tokyo. What you can't find is space.

You know: space. No building in the skyline. Distant walls and roofs. Room for your look at your left, at your right. No shadow between you and the sky. Space.

When you need space, take the Toyoko line for 25 minutes in the direction of Yokohama, the most "opened" city of the country - spiritually, and physically. Breath. Refresh. Rest you eyes watching far, very far in front of you.

Invitation to the Voyage

My child, my sister,
Think of the rapture
Of living together there!
Of loving at will,
Of loving till death,
In the land that is like you!

The misty sunlight
Of those cloudy skies
Has for my spirit the charms,
So mysterious,
Of your treacherous eyes,
Shining brightly through their tears.

 

Y9

The oriental splendor,
All would whisper there
Secretly to the soul
In its soft, native language.

Y2Y1Y3

See on the canals
Those vessels sleeping.
Their mood is adventurous;
It's to satisfy
Your slightest desire
That they come from the ends of the earth.

 

Y11

The setting suns
Adorn the fields,
The canals, the whole city,
With hyacinth and gold;
The world falls asleep
In a warm glow of light.

Y10

There all is order and beauty,
Luxury, peace, and pleasure.

 

— William Aggeler, The Flowers of Evil (Charles Baudelaire)

 

 

 

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24 juin 2013

La Déception Culturelle Française

L’Exception La Déception Culturelle Française

 

Fidèle sujets, je dois vous faire part de l'horrible vérité. J'ai failli à ma mission. je vous ai déshonorés. Il est temps de faire face à la dure réalité : je suis une déception permanente pour le peuple nippon.

Je crois bien que de tous les pays du monde, la France est celui dont les Japonais ont globalement l’idée la plus faussement précise, la plus savamment erronée. Il faut dire que le Nippon moyen manifeste une forte tendance à se complaire dans les généralités ethnico-culturelles, et il en résulte un amour alarmant des stéréotypes nationaux ; aussi, une Française digne de ce nom doit aimer la mode, avoir un brevet d’œnologie, citer Sartre dans le texte, passer son temps en vacances à peindre des vues de la Seine en fredonnant des airs de Piaf et manger exclusivement des sucreries. J’exagère à peine. Il est bien connu que la France est un pays de cocagne où le foie-gras pousse sur les arbres et où les autochtones ne se posent en aucun cas la question de la survie ; voilà pourquoi nous autres, créatures hexagonales, travaillons très peu – et encore, on travaille à coudre des robes du soir, jouer de l’accordéon et confectionner des gâteaux. Les gens qui vivent au pays de la Belle au Bois Dormant n’ont pas besoin d’ingénieurs, de dentistes ou de techniciens de surface. Tout cela est admirable. Vive le pays des vacances éternelles où on ne fait qu’assortir ses ballerines à son chapeau et parler peinture et philosophie. L’Art de vivre à la française, quoi.

Seulement voilà : malheureusement, la réalité est bien en dessous de la promesse marketing. Ils attendaient Chanel et Zidane, et voilà que je ne m’intéresse ni à la haute-couture, ni au foot. Ils voulaient une spécialiste es vins et fromageologie, et ils se retrouvent avec une petite capricieuse qui roule en tout et pour tout sur deux blancs et cinq fromages, ignorant superbement le reste de la carte. Imaginez leur désarroi.

Je ne compte plus les moments où j’ai vu la paupière de mon interlocuteur japonais s’affaisser de dépit, et se dessiner sur ses lèvres une petite moue dubitative et insatisfaite.

Pardon, mais non, vraiment, je ne bois pas de café. Non, jamais. En fait, je préfère le thé. Je prendrai un thé japonais, oui. Si, si, je vous assure. Non, c’est promis, ce n’est pas pour vous faire plaisir, c’est vraiment ce que j’ai envie de boire. Oui, je sais, c’est bizarre pour une Française.

Je suis vraiment confuse, mais j’ignore complètement, même à la dizaine, même à la centaine près, combien d’œuvres renferme le Musée du Louvre. Cela dit, je peux regarder sur Google de suite, hein. Si, j’y suis déjà allée, bien sûr. Une fois avec l’école, une fois avec mes parents, une fois parce que la nocturne était gratuite pour les étudiants, une fois pour accompagner un ami japonais… Non, non, je n’y suis pas tous les week-ends. Hé bien parce que j’ai autre chose à faire, ma foi. Si si, j’aime bien les musées, mais pas au point d’y passer vie, vous comprenez. Bon, si vous voulez, c’est peut-être bizarre pour une Française.

Je serais bien en peine de vous dire le prix moyen d’un sac Vuitton à Paris, car je n’ai jamais mis les pieds dans leur boutique. Non, je ne possède aucun article Vuitton. Ni Dior. Ni Chanel. Ni Hermes. Bah, vous savez, ce n’est pas donné-donné, hein. Ce que je porte aujourd’hui ? Vous allez rire, ça vient de chez Uniqlo. Oui, j’achète souvent chez eux. Mais parce que c’est plus dans mon budget, c’est tout. Attendez, bien sûr, mais on ne peut pas comparer, ce n’est pas comme si j’avais le choix entre les deux. Ce sac ? Il m’a coûté trois mille yen. D’accord, si vous y tenez : c’est quand même un peu bizarre pour une Française.

Je vais prendre le wa-shoku, s’il vous plaît. Non, le repas européen ne me dit rien. Si si, j’adore le pain bien évidemment, mais en l’occurrence, le repas japonais me semble meilleur. Non, mais là j’ai seulement envie de manger japonais, voilà c’est tout. Bon, et bien puisque vous insistez : le menu soi-disant occidental que vous avez commandé, il a l’air tout pourri. La portion de viande est microscopique, le maïs flashe tellement qu’il en fait mal aux yeux, le pain est industriel, et pour l’amour du ciel, une génoise couronnée de crème de mauvaise qualité ne constitue pas une pâtisserie. Vous êtes content maintenant, de savoir que vous vous êtes fait rouler ? Je peux savourer ma soupe miso tranquillement ? Oui, c’est ça, je suis très très trrrrès bizarre pour une Française !!

 

Il est clair que je ne suis pas à la hauteur de la situation.

 

Je suis une Française qui commande sur Rakuten, qui bois plus de ume-shu que de vin et qui, bizarrerie suprême, porte un prénom constitué de trois syllabes parfaitement prononçables par le contingent local, et qui a même l’audace de se terminer par le fameux « mi » de la beauté, ponctuant un bon tiers des prénoms de filles japonais. On m’a même demandé à plusieurs reprises si j’avais adopté ce prénom en venant au Japon. Alors que je m’acharnais à répondre que non, il s’agit bien d’un prénom classique français pour le coup, on m’a rétorqué que décidemment, j’étais une Française très, très, très… bizarre. Allez comprendre.

Même les plus sombres des clichés sur les Français  ravissent les Japonais : prétendez que vous haïssez les Américains (tous les Américains !), et vous récolterez de chaleureux regards de connivence. Clamez votre sentiment de supériorité par rapport aux Britanniques, et vous ferez naître des sourires compréhensifs. Brandissez votre individualisme forcené, et on vous inondera d’indulgence bienveillante. Tout est bon du moment que vous ferez les fleurir les naruhodo, les yappari et autres exclamations déclinant l’éventail du « je le savais » triomphant.

Je ne sais pas, peut-être que ça les rassure, lorsque tout le monde colle sagement à sa petite étiquette.

 

Le syndrome Mont-blanc

Si les stéréotypes ont la peau dure dans l’archipel, c’est bien moins en raison de ce que nous autres Occidentaux appellerions du racisme que du fait de cette incroyable faculté des Japonais à faire des généralités sur le monde extérieur. Si un soir, ils trinquent avec des Chinois, ils rentreront chez eux le cœur rempli d’amour pour ce peuple voisin si sympathique, et passeront le reste de la journée sur Youtube à visionner des cours de mandarin pour débutants. Si dans la même journée, les informations laissent entrevoir des manifestations antijaponaises à Pékin, alors ils partiront se coucher en maudissant ce peuple fourbe et cruel qui menace leur cher archipel. Ainsi, il suffit d’un seul impair pour que l’image de votre pays et de votre peuple se dégrade instantanément aux yeux du témoin de votre bêtise. En un mot, ce n’est pas la relativisation qui les étouffe.

En fait, ce que croient savoir les Japonais à propos des Français ressemblent au fameux gâteau « Mont-blanc », qui pullule dans les vitrines des cake-shop franchouillards de Tokyo. Attention, rien à voir avec la douceur antillaise à la noix de coco du même nom. Au Japon, le Mont-blanc est une gourmandise ultra-sucrée, constituée d’une meringue couverte de vermicelles à la crème de marron et saupoudrée de sucre glace. Il est fort possible que la recette soit née en France, où nous faisons en effet de l’excellente crème de marron ; mais disons que ce n’est pas LE dessert incontournable d’une pâtisserie française lambda. Je ne dis pas qu’on n’en trouve nulle part, mais dans ma banlieue, les pâtisseries proposent des Opéras, des tartelettes aux fraises, des flans divers et variés, des Paris-brest, des éclairs et des religieuses, des tartes au citron meringuées, des Saint-honoré, et plein d’autres délices dont j’oublie les noms, mais pas forcément de Mont-blanc. Le Mont-blanc, c’est vraiment le gâteau au look frenchy qui fait plaisir à la cliente japonaise, mais on ne peut pas dire qu’il soit l’étendard de la pâtisserie bien de chez nous. Et pourtant, érigé par les Nippons comme fleuron de l’art du sucré à la française, ils sont persuadés qu’on s’en colle un au palais tous les deux jours. Alors qu’ils en mangent infiniment plus que nous. Paradoxe, j’écris ton nom.

Grâce au ciel, la communauté française du Japon parvient tout de même à satisfaire les exigences nippones en matière de décorum, en organisant régulièrement des évènements dignes d’un dépliant du manuel du bon petit Français, avec son béret et sa baguette en couverture. Fête du 14 juillet, célébration du Beaujolais nouveau, buffet de Noël : comptez sur nous pour prouver aux Francophiles les plus extrémistes que nous aussi, nous savons donner dans le cliché. On n’y sert pas de Mont-blanc parce que tout de même, ce serait mentir, mais on y va fort sur les bulles et les petits-fours. Tout ça pour rire sous cape quand nos invités japonais, enfin comblés par la débauche de produits du terroir et de nœuds papillons, s’exclament avec satisfaction : « Ces Français, alors… sans leur vin, leur pain et leur machin, ils sont tout perdus, hein… ».

 

Conséquence étonnante de l’effet papillon

Si d’aventure un jour les Français devenaient sobres

Une grande clameur s’élèverait du Japon

Plongeant nos bonnes résolutions dans l’opprobre.

 

 

22 juin 2013

Advantages of the Japanese rainy season

Every year in Japan, this is the same story : after the magic of blossoming sakura in April/May, we are slowly slipping into the hot season. And before the sweaty summer, there is the grey, the wet, the uncomfortable rainy season. Grey sky, heavy rain, first mosquitos and other disgusting insects, and you can't even wish it's over, because you know that after that, Tokyo will turn into a giant hammam. But let's see the good sides of tuyu, the Japanese rainy season, too.

ADVANTAGE n°1

This is Singing in the Rain every night. Just stop playing with your smartphone for a while, and look around you. The ballet of umbrellas. The artistic combination of rainy boots and open shoes (two different strategies to walk into the puddles, pick up your side). The reflection of lights in the shining watercourses. By night, rainy Tokyo is even more beautiful.

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ADVANTAGE n°2

Fireflies. Hotaru, in Japanese. If you can afford a week-end in the countryside, you may have a glimpse of these elegant insects who are mating during in early June for genjibotaru, and early July for heikebotaru. Remember this awfully sad movie by studio Ghibli. And bless Mother Nature to give us something so beautiful.
If you're stuck in Tokyo, well... use your imagination, and/or try your chance at the Four Seasons Hotel's park, close to Waseda.

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ADVANTAGE n°3

That's the best moment in the year to go to the museum. Today, I have visited the Mori Tower and it's great exhibition about... LOVE, yeah! "All you need is Love", from April to September 2013, at Roppongi Hills ! From Chagall to Yayoi, feel the power of Love! I got lost in the tentacular labyrinth of Kusama Yayoi, and it was just delightful...

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Don't forget to enjoy the rain! Water = Life, baby!

 

 

11 juin 2013

My first song with Pretty Pop

countingsheep1Dear readers, today, I need you to open not only your eyes and minds, but also your ears!

Here is my first single with the Japanese label Pretty Pop, which promotes synth music for your entertainment. The music and edition are signed by Ken K, and I added my lyrics and vocal.

Please listen to it on your sleepless nights!

 

COUNTING SHEEP

Noemi by Pretty Pop

 

 

 

 

 

 

5 juin 2013

African touch in Yokohama

Yokohama, the most international-oriented japanese city... The only port opened to the foreign ships before the Meiji area. And now, it welcomes major international events like TICAD.

 Pacifico Yokohama, between sky and sea

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And inside : crowds of Japanese and African people... and your little blondie.

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TICAD V ended with a record contribution from Japan : more than 10 billion euros to the African development. Japan is now standing proudly before China in the ranking of the donators. It means a lot for a country so poor in natural resources. But Chinese investments remain unchallenged... So Africa is becoming the second scene of this Asian rivality. in the meanwhile, the continent can expect some generous gifts by both sides. It's a rich men's world, my friends.

 

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31 mai 2013

TICAD V - アフリカ開発会議2013

Every five years, the whole African continent invades Japan. Peacefully, of course. This is the moment of TICAD (Tokyo International Conference on African Development), through which Japan is giving money and investing in the developement infrastructures in Africa. As one of the biggest donator in Africa, Japan needs the African resources, especially its oil and underground products; and it also needs China not to controle everything on the continent. For African countries, despite the many situations, everything is to build, everywhere. Japan's money is used to finance health, education, transportation, energy, peace building and good governance. But Japan also needs to discuss how its millions of yen are used on the field, so TICAD exists in order to let both parties express themselves on this matter. The Presidents, the Ministers come to thank the Japanese government, and to advertise their countries' interests. They come with assistants, advisors, protocol staff, journalists - and a few brothers, sisters ans cousins too. I have never seen such a concentration of African people in Japan. Yokohama, which in quality of "most opened and international Japanese city", is hosting the event, turned into a colorful and spicy location.

I have let the diplomats of my Embassy to handle the Malian VIP official, for the protocol etiquette is not exactly my cup of tea, and I prefered to focus on an important side-event of TICAD : African Fair 2013. African producers meeting Japanese distributors, showing their local products and making connections. I welcomed with pleasure the delegate from APEX-Mali, the Malian Agency for the Promotion of Exportations, Mr. T, who I have been talking with by phone for almost one year in order to organize the event. So many regulations to deal with when you enter the Japanese territory with "new" products, especially food... Poor Mr. T had the longest trip from Bamako with his heavy boxes of fresh mangos he had to pay for at every stop, and which was finally taken by the Japanese customs. But he didn't loose his smile in the process, and his genuine motivation to seize every business opportunity to support the Malian producers. There is still dried mango and delicious mango jam to show to the Japanese businessmen, and also baobad fruit, honey soap, shea butter, arabic gum, and beautiful traditional "bogolan" textile.

Our booth is ready!

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Beautiful Malian painted cotton textile

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The unexpected face of Mali

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Naturally, African Fair is also a VIP event and guess who came to cheer up the exhibitors?

Prime Minister Abe on the stage!

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The Japanese PM, the President of Burkina Faso...

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... and Africa!

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And Japan!

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As usual, the best part of it: food. Food. Food!

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My reward for my dedicated service

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TICAD V is going on until Monday!

25 mai 2013

En colocation au Japon

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Non, vous ne rêvez pas : votre Altesse Royale a bel et bien décidé d'honorer quelques vils manants locaux en leur faisant bénéficier de sa divine présence dans leur humble demeure. Oui, je me suis installée en colocation avec trois Japonais. Quelle chance ils ont.

La raison ? Les écus, ô fidèles sujet, les écus. Le trésor royal n'est point sans fond, malheureusement. Or, c'est bien connu, Tokyo est la ville la plus cool et la plus chère du monde.

Je suis née (comme toute princesse de sang qui se respecte), en région parisienne où les prix ne sont pas particulièrement attractifs; et pourtant, après presque quatre ans de vie Tokyoïte, je grince toujours des dents devant les étiquettes des supermarchés et le prix des transports en commun. Et vous n'allez pas le croire, mais au mépris de l'idôlatrerie la plus basique, ces béotiens de Japonais ne m'offrent jamais rien. A croire qu'ils ignorent le protocole royal le plus élémentaires.

En revanche, s'il y a bien un moment où je hausse les épaules, c'est devant le montant des loyers. Certes, ils sont odieusement chers, mais à Paris aussi. Selon le cours de l'euro et du yen, ça revient bien souvent au même : une piaule minuscule pour environ 500 euros ; un studio plus habitable pour 800 ; un deux pièces à partir de 1000 ; un deux pièces confortable pour 1200. C'est ensuite que ça pêche : comme les grands appartements sont rares au Japon, les familles doivent souvent se rabattre sur des maisons de ville et là, si l'entreprise de papa-nippon ne met pas la main au panier, ça devient ingérable. Bon. Mais pour un(e) célibataire, le budget logement est le même entre la ville-lumière et la ville-néon : parfaitement ruineux.

Prenons un studio lambda à 700 euros, soit environ 75 000 yen quand le cours est stable. Voici les vraies différences entre celui de Paris et celui de Tokyo:

- Le budget emménagement est plus lourd à Tokyo, car en plus du mois de loyer d'avance, d'un mois de frais d'agence, et d'un mois (voir deux! mais négociez absolument, le cas échéant!) de caution, l'usage veut que vous payiez le fameux "reikin" : un mois de loyer en "cadeau" au propriétaire (que vous ne verrez jamais de votre vie, en plus). Scandalisée par le côté mafieux du procédé, je me suis renseignée sur l'histoire de cette infâme coutume et cela remonte aux temps anciens où les jeunes étudiants/apprentis venus des campagnes profondes pour étudier/travailler dans la capitale de l'Est débarquaient en tremblant, tous perdus qu'ils étaient dans cette post-Edo grouillante à souhait. Les parents faisaient donc un cadeau pécunier à la connaissance/cousin du cousin/ami d'ami qui leur "offrait" un toit, afin que la personne garde un oeil sur le bec jaune et l'empêche de sombrer dans le jeu ou le nihonshu. Bon. Je suis quasiment sûre qu'on a fait la même chose en douce France les siècles passés, mais maintenant qu'on est à l'époque moderne, qu'on paie déjà une agence immobilière pour nous "présenter" les lieux, et que le bienveillant proprio nous laissera probablement dépenser notre dernier yen au pachinko sans se sentier le moins du monde concerné par notre déchéance, je pense qu'il serait sage de cesser la tradition du reikin. C'est incroyable ce que les Japonais aiment mettre la main au porte-monnaie, ma parole. Enfin, grâce au ciel, la passion du reikin tend à s'affadir un peu et certains proprios ne le réclament plus. Mais tout de même, méfiez-vous, il revient souvent dans les pourparlers avec l'agence. Et s'ajoute à cela, si vous n'avez pas de garant (c'est à dire une personne japonaise financièrement solide dont vous êtes suffisament proche pour oser demander un service pareil = personne impossible à trouver lorsqu'on est étranger et qu'on s'installe au Japon, soyons sérieux), vous vous taperez aussi un demi-mois de loyer de garantie. Faites le calcul: et oui, vingdiou, c'est cher de seulement emménager à Tokyo.

Que de considérations fastidieuses pour une vraie princesse, n'est-il pas. Et on ne parle même pas de châteaux, là.

- A prix équivalent, on obtient souvent quelques mètres carrés en moins à Tokyo; mais on hérite généralement d'un mini-balcon, dont vous êtes censés vous servir pour étendre le linge, par pour vous tapêr l'apéro entre amis. Soyons fonctionnels.

- L'intérieur est souvent plus propre à Tokyo (il est commun que les proprios changent le papier peint et le parquet avant de faire raquer d'accueillir un nouveau locataire). Comme il n'y a pas d'immeubles historiques comme à Paris, les intérieurs ne sont jamais très vieux et vous n'avez ni fissures, ni lames de parquet disjointes, ni fenêtres de guingois et tout ce qui fait le charme invivable des intérieurs haussmaniens mal entretenus. A Tokyo, c'est carré, et net. Et ennuyeux : vous n'avez pas le droit de planter un seul clou au mur, ni de refaire les papiers peints à votre goût, ou alors vous ne reverrez jamais la couleur de votre caution. A Tokyo, on vit tous dans des appartements couleur crème, sans tableaux aux murs (sauf dans les logements "luxueux" où le propriétaire a fait poser une "baguette" permettant enfin de personnaliser un tant soit peu ses murs). Ce pays serait un cauchemar pour Valérie Damidot.

- Isolation pitoyable Pas d'isolation à Tokyo. Les cadres des fenêtres laissent passer le froid, les murs sont minces, et il y a des trous d'aération partout. Autant dire que l'hiver, on pèle. J'imagine que c'est pour faire vivre le marketing de la chaleur (chaussettes, sous-chaussettes et sur-chaussettes ; chaufferettes de poche qu'on glisse dans ses manteaux, voire qu'on se colle dans le dos; kotatsu et autres couettes chauffantes...). En plus, il n'y a pas de chauffage central, et les seules sources de chaleur sont le "heater" de la clim (une grosse blague) et les petites radiateurs électriques que vous acheterez en appoint (et qui font souvent disjoncter le schmilblick, d'ailleurs).

- Le contrat de location standard au Japon étant de deux ans, si vous voulez rester dans votre doux foyer à son échéance, bim, il vous faut repayer un mois de loyer supplémentaire en renouvellement. Si si si. Quel beau pays. Hé oui, l'indépendance au Japon, ça se paye. Et on s'étonne que les Japonais (surtout les filles) restent chez leurs parents jusqu'au mariage.

J'ai vécu la première année à Tokyo dans un studio de 27mètres carrés, confortable si on exclue le problème du chauffage, mais très cher car car tout près de l'Université de Waseda et payable au mois (je ne pouvais pas m'engager sur deux ans, à l'époque), ce qui veut dire : plus cher que la moyenne. A l'époque, j'avais une bourse qui me permettait de survivre façon étudiante, sans mettre un sous de côté bien sûr. Puis, à mon retour en tant que salariée locale, j'ai signé un onéreux contrat pour un deux-pièces tout-à-fait chouette me permettant d'aller au bureau à pied, et d'ainsi éviter la compression de l'heure de pointe tokyoïte dans les transports en commun : le luxe suprême. Mais c'était tout de même trop cher et à terme, lasse de ne jamais faire d'économies une fois les impôts payés, et inquiète car mon salaire arrivait irrégulièrement et j'étais souvent étranglée par le loyer, je décidai de revoir mon royal train de vie à la baisse, et de me lancer dans l'aventure de la COLOCATION AU JAPON.

Bien entendu, j'étais anxieuse à l'idée de rétrograder dans un mode de logement commun, avec toutes les entorses à l'intimité que cela suppose (surtout qu'encore une fois, personne ne s'est aperçu de ma noble ascendance... pfff, les gens sont désespérants); mais j'avais vraiment envie d'épargner davantage pour pouvoir voyager plus souvent, entre autres. C'était un choix. En ce qui me concerne, je ne le regrette absolument pas, car je suis tombée sur la colocation idéale où je me sens parfaitement chez moi, et qui m'a apporté de nombreux avantages. Histoire que cela puisse servir à d'autres, voici comment cela s'est passé, dans les détails.

1) La défintition de la cible

Objectif : une chambre individuelle (cela va de soi) avec une grande penderie (car j'ai horreur de laisser traîner des trucs au sol), à une heure à pied maximum de mon lieu de travail (il me faut marcher beaucoup chaque jour, donc si c'est trop loin je dois prendre les transports, et c'est un problème autant pour mon porte-monnaie que pour ma santé), avec une cuisine permettant de cuisiner (pléonasme ? non non, je vous assure) et pour un montant mensuel de 60 000 yen (environ 550 euros).

Il va de soi que pour le même prix, j'aurais pu dégotter un clapier à lapins pour moi toute seule. Mais l'idée, c'était de monter en gamme niveau espace (certes, en partageant ce dernier), pour un montant inférieur à celui de mes logements précédents. C'est parti !

2) La recherche de la colocation parfaite

N'ayant pas grand-monde autour de moi dont le profil me corresponde (c'est à dire, un peu à la roots niveau thunes, mais ayant tout de même l'ambition de ne pas totalement camper dans la vie), je me suis mise à chercher toute seule. J'ai vite compris que les entreprises soi-disant spécialisées dans la share-house sont des pièges à cornichons : la plupart proposent des piaules de type guest-houses, minuscules, probablement correctes pour un voyageur ou un stagiaire y logeant trois mois maximum mais pas pour quelqu'un qui a l'intention de vivre là. Souvent, les maisons sont divisées en chambres individuelles et en dortoirs; il y a beaucoup de turn-over, et c'est comme une grande auberge de jeunesse autour de parties communes sur-exploitées. A 27 ans, et après plusieurs années de vie indépendante, c'était tout de même beaucoup me demander. J'ai donc laissé tomber et je suis passée aux sites orientés vers l'international, comme Craigslist.

Sur Craigslist, les annonces particulier-à-particulier du type "une chambre se libère chez nous" sont foison et j'ai contacté plusieurs personnes.

J'ai visité une première colocation dans une vieille maison à Edogawabashi, où le vieux propriétaire et son chat occupaient une des chambres. Cela semblait correct, mais je n'étais pas très emballée. Si jamais un ami (ou plus) devait passer la nuit chez moi, je devait payer 1000yen par nuitée. Malheureusement, la plupart des share-houses avaient des règles similaires : pas d'invité qui reste toute la nuit, pas de fête à la maison. Bon. Au Japon, de toute façon, on fait le plus souvent la fête dehors, au bar ou au restaurant. Mais le coup du ticket payant pour mes invités, j'avoue que j'avais du mal à l'accepter.

Ensuite, je suis allée voir une autre vieille demeure à Shirokane. Pour le coup, la maison était ancienne, magnifique, avec son couloir extérieur donnant sur le (chaotique) jardin, ses tatamis, ses boiseries, ses panneaux de papier et tout et tout. Mais du fait de l'âge de la baraque, les parties communes étaient vétustes et faisaient sale; impossible de m'imaginer cuisinant dans ces conditions, et d'ailleurs les autres locataires avaient l'air de manger toujours à l'extérieur, ce à quoi je me refuse. Encore une fois, le coeur n'y était pas.

J'ai également eu un échange de mails avec une dame japonaise mariée avec un Français, et habitant à deux pas de mon lieu de travail. Fantastique. Elle proposait, pour le budget que je m'étais fixé, une chambre avec une salle de bain privée (intéressant !) et entrée indépendante (vraiment très intéressant!). Il s'agissait en fait d'une chambre de bonne, petite mais qui présentait des avantages évidents. Mon profil a plu à la dame, et elle a commencé à m'énoncer les règles habituelles : pas de fête à la maison, etc. J'ai commencé à tilter lorsqu'elle a glissé "bon, cela dit, lorsque chouchou et moi sommes absents, vous pourrez aller dans le salon et regarder la TV, bien sûr". Comment ça "lorsqu'ils seront absents"?? Il est évident que dans mon esprit, la colocation signifie que non seulement je loue ma chambre, mais le reste de la maison m'appartient aussi. A partir du moment où je respecte les règles du savoir-vivre en commun, j'entend bien me légumer devant la TV aussi longtemps que bon me semble, que mes colocs soient dans la pièce ou pas! J'ai donc compris que la dame confondait "location de chambre" et "colocation", et je lui ai gentiment fait remarquer. Ce à quoi elle m'a aimablement remerciée pour ma franchise et changé le titre de son annonce. En clair, elle cherchait quelqu'un pour occuper la chambre et alléger son loyer, mais qui se ferait transparente à souhait... comme la bonne, quoi. Autant dire que je ne mange pas de ce pain là.

Après ces tentatives non-concluantes, j'ai fini par me tourner vers le fameux groupe Yahoo "Tokyo Petites Annonces", THE network géré bénévolement par une gracieuse Française, et où tous les Frenchies de Tokyo postent leurs annonces : recommandations de spectacles, proposition de baby-sitting ou de coiffure à domicile, demande de conseils juridiques, et vente d'objets en tout genre lors des déménagements (par parenthèse : le plus souvent à prix exorbitant pour de la seconde-main. Mon opinion est faite : nous les Gaulois, nous sommes une incroyable nation de radins !! A mon sens, un objet utilisé, même en parfait état, devrait se brader au moins à moitié prix lorsqu'il est refourgué deux ans plus tard ! Mes compatriotes me tuent, à peine s'ils concèdent une ristourne de 10 ou 15% du prix, et encore il faut aller chercher la marchandise chez eux... Il y a-t-il des gens qui leur achètent réellement leur camelote dans ces conditions ?...). Bref. J'ai donc déposé une annonce sur ce néanmoins très sympathique et utilie forum en demandant à tous ceux qui auraient vent d'une coloc' dans mes critères, de me faire signe, merci messieurs-dames. Résultat : je fus rapidement contacté par un jeune prof de français qui, après plusieurs années de share-house, allait enfin avoir son chez-lui. Par hasard, il habitait à seulement une station d'écart de mon ancien logement; ce fut donc facile de passer après le travail jeter un oeil.

Je fus immédiatement séduite : la maison, très grande (pour le Japon), était nichée au fond d'une impasse, dans un quartier résidentiel calme. Elle appartenait à la famille d'une des locataires, qui se chargeait de faire la liaison en cas de pépin quelconque. En tout, nous étions quatre à nous partager la maison, avec chacun sa chambre + une pièce à tatami pour tous, deux WC et une salle d'eau au deuxième étage, en plus de la grande salle de bain du premier. La chambre laissée par le jeune homme était très grande, et disposait d'autant de rangements dont je pouvais rêver. La cuisine était immense, dotée d'un frigo de taille américaine et d'un four de compète. La salle de bain était grande comme un petit sento, avec espace bain et espace douche séparés, à la japonaise. Pas de jardin, mais un grand balcon. Et je restais dans un coin familier, non loin de mon ancien chez-moi; et je pouvais toujours aller au travail à pied. Côté contrat, j'allais en signer un sans reikin (ouf), sans frais d'agence naturellement, sans garant et même sans caution. Autant dire, à part le mois de loyer d'avance (normal) : un emmènagement gratuit ! Inouï au Japon ! Il ne manquait plus que le point le plus important : les règles de vie !

Je compris rapidement que j'étais tombée sur la coloc' la plus cool de Tokyo. Les trois Japonaises qui habitaient là travaillaient dans la même entreprise de design, et organisaient souvent des dîners avec des amis ou des home-parties. Je pouvais inviter qui je voulais quand je voulais, sans le moindre problème (naturellement, si un invité devait rester plusieurs semaines, c'était à moi de payer un supplément sur les factures d'eau et d'électricité, mais je trouvais ça bien normal). Pour le ménage, un roulement dans le style des écoles japonaises avait été organisé, avec un petit tableau tournant qui nous répartissait les tâches pour deux semaines entre l'aspirateur, les WC, la salle de bain, et la cuisine. Ce qui veut dire qua pendant deux semaines, il fallait tour à tour assurer la propreté d'un seul de ces quatre points. En réalité, cela fait donc beaucoup moins de tâches ménagères hebdomadaires qu'à tout faire soi-même dans un petit appart' !

Puis, pour finir de me décider, je fis la connaissance de mes coloc', trois filles à l'époque : K., la fille des propriétaires, qui s'occupait de commerce international, rarement à la maison en raison de ses déplacements; Y., jolie et souriante, que je découvrais des semaines plus tard parlant très correctement le français, la petite cachottière; et I., au calme olympien, qui allait retourner vivre dans sa famille quelques mois plus tard. En remplacement, arriva T., un designer de la même entreprise, qui devint rapidement mon coloc' préféré, tant il accumulait les avantages : toujours avide de conversations au coin du fourneau, il adorait faire le ménage (si), faisait la cuisine comme un dieu, et avait apporté avec lui un superbe piano dont il nous jouait occasionnellement des petits airs. Parfait, je vous dis. Curieusement, c'est avec celui qui était le plus incapable de parler autre chose que le japonais et qui était le moins habitué aux étrangers que je suis devenue la plus proche. Comme quoi, la linguistique et l'expérience internationale, c'est très surfait.

3) La vie en colocation japonaise

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Et me voilà à présent profitant des joies de la colocation avec mes trois Japonais, pour mon plus grand bonheur. Le plus souvent, nous ne sommes ue rarement tous les quatre ensemble à la maison, sauf lorsque nous décidons de faire une fête. Jusque là, nous ne sommes jamais battus pour la salle de bain, ayant des horaires très différents. Nous invitons souvent nos boyfriends/girlfriends respectifs et ils font comme "partie de la famille". Il y a toujours à manger partout, que nous mettons en commun - reste des fêtes et des dîners des uns et des autres. Il est facile de m'isoler dans ma chambre quand je ne veux voir personne, ou de chercher de la compagnie dans le salon quand je suis d'humeur. Je n'ai plus à me soucier des factures : K. et Y. les rassemblent et inscrivent sur le frigo le montant mensuel dû par chacun. La maison est toujours propre et accueillante.

Je recommande le système à tous les petits princes et princesses qui veulent avoir de l'espace à vivre sans trop se ruiner, converser en japonais tous les jours, et apprécier une ambiance quotidienne jeune/festive/amicale... tant qu'il est encore temps !

 L'odeur du tatami qui chatouille le nez

Le balcon envahi de vêtements à sécher

Du tofu au frigo, de la prune vinaigrée

Pas de doute, j'habite bien avec des Japonais.

 

13 mai 2013

Painting the roses red

Shinjuku gyoen is my favorite oasis in Tokyo. Of course I love Korakuen's sweet hills, Rikugien's flaming maple leaves, and Hamarikyuen's calm waters, but the western Shinjuku gyoen is the very best of the capital's parks. Imagine a smooth grass carpet under your feets, more space than you can dream about, and a million of roses. Here you are. In paradise.

Carpe... Carpe diem

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Oh, painting the roses red
And many a tear we shed
Because we know
They'll cease to grow
In fact, they'll soon be dead

...
And yet we go ahead
Painting the roses red!

12 mai 2013

Lazy Sunday

Relax

11 mai 2013

Spring rain on Tokyo

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Just for once, let me give you a glimpse of grey, rainy Tokyo. It's Saturday, it's not cold anymore, it's not sweaty hot yet, it's just perfect... perfect to cuddle at home with a cup of tea. Alice in Wonderland on the screen. Little lemon cakes sent by my Hiroshima friend. Letters from my parents on the desk. Relax... take it easy...

 

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