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Noemi Noemi
13 janvier 2012

Dans la famille "Gouvernement", je voudrais...

Alors en tant que princesse, n'est-ce pas, je suis habituée à cotoyer les plus grands. Et accessoirement des membres du gouvernement. Bon, normalement je ne devrais pas leur accorder si facilement de prendre des photos à mes côtés, mais bon... Je n'ai jamais su résister à mes admirateurs transis, hu hu hu. C'est beau de faire le bonheur de quelqu'un.

Ce soir, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé était à la Résidence de France, Tokyo, pour faire un petit coucou à ses chers compatriotes et nous dire de ne pas désespérer. C'est la crise, mais on va survivre.

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Eeeeet une incruste de toute beauté, ni vue ni connue... oh la belle prise

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Who's next ???

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29 novembre 2011

Le Quatre-Heure du Crime

Bien chers sujets de mon illustre royaume,

Il faut que j'aborde un sujet dont l'aspect capital va vous saisir à la gorge autant que moi, sans aucun doute. Il s'agit de l'une de nos plus anciennes et respectables coutumes... Oyez avec attention.

 

En règle générale, mes amis les Nippons sont d'une bienveillance formidable envers les moeurs de leurs "invités" étrangers, surtout sur le plan alimentaire.

Leur tendance à exalter les particularismes culturels (jusqu'à l'outrance), et leur curiosité sans borne pour l'incroyable monde par delà les frontières de l'archipel en font des spectateurs avides et enchantés des habitudes culinaires et gustatives des non-Japonais. Ils conçoivent admirablement bien, sans ironie aucune, qu'un Français au Japon soit en manque de baguette, qu'un Italien se languisse de son huile d'olive, ou encore qu'un Britannique regrette l'écrasante préférence locale pour le riz sur la pomme de terre - mieux, ils compatissent. Le déracinement alimentaire est un de ceux qui leur parle le plus. D'ailleurs, à peine les présentations faites, la plupart des Japonais fraîchement rencontrés s'empressent de vous "cuisiner", c'est le cas de le dire, sur la façon dont vous survivez, nutritivement parlant, dans leur beau mais si spécial pays. Que cuisinez-vous à la maison ? Et dans quels genre de restaurants allez-vous ? Comment vous en sortez-vous avec les légumes, les épices, les condiments japonais ? Tolérez-vous le poisson cru, le tofu, le natto ? Quel plat japonais a su gagner vos faveurs ? L'avalanche de questions déstabilise sans exception, lorsqu'ils débarquent, les étrangers dont les préoccupations immédiates se portent davantage sur la communication quotidienne, l'ouverture d'un compte en banque et autres diaboliques tâches administratives - l'adaptation culinaire nous faisant l'effet d'un détail relativement secondaire. Mais les Japonais y tiennent, et sont presque déçus lorsque vous avouez vous contenter parfaitement du régime local et n'avoir rien d'autre à dire à ce sujet. Ils sont au contraire magnifiquement compréhensifs et pas vexés pour deux sous si vous confessez détester le riz vinaigré, honnir le poisson cru, courir chez les fort chers boulangers d'Azabu chaque soir pour cueillir votre pain quotidien, et ne vous fournir que chez les traiteurs français de Kagurazaka. Vous pouvez même vous permettre de les provoquer frontalement ("pays de barbares mangeurs de poulpes qui ne savent pas faire le pain") sans prendre trop de risques; même les remarques les plus négatives à l'encontre de la gastronomie japonaise récolteront la sympathie compréhensive de vos hôtes : vous venez d'ailleurs, vos us et coutumes ne sont pas les mêmes, vous mangez autrement, c'est ainsi et nul ne vous en tient nullement rigueur au pays du soleil levant.

A une exception près.

Il existe une habitude alimentaire bien de chez nous qui défrise littéralement les Japonais - si tant est qu'un cheveu japonais ait encore de la marge pour être défrisé -, si innocente et anodine puisse-t-elle sembler au Français de base dont je me fais ici l'humble représentante. Un usage ma foi fort répandu dans l'hexagone, peu discuté, peu sujet à polémique, sans conséquence pour la santé ni pour l'environnement, et qui cependant plonge les Nippons dans un abîme de stupéfaction, voire d'abasourdissment mêlé d'un certain soupçon d'effroi.

Attention, tsunami.

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Hé oui. Le trempage de biscuit/gâteau/pain/croissant etc dans un breuvage quelconque, chaud de préférence. Simple mais redoutablement efficace.

Si vous aussi, comme votre royale servante, avez tendance à accomplir ce geste banal dans la plus pure insconscience, presque automatiquement, dès qu'il vous arrive d'avoir une tasse et une langue de chat à portée de main : sachez que vous êtes UN GRAND MALADE.

Soyez prévenu : s'il vous arrive au détour d'une conversation en charmante compagnie japonaise d'accomplir le rite fatidique du trempage, vous perdrez instatanément tout espoir de finir votre phrase, et qui plus est votre propos, dans des conditions acceptables. Trempez, et attendez-vous à un salto arrière de la part de votre interlocuteur. Ensuite, vous aurez droit à un déluge infernal de tentatives de retour à la raison par votre ami traumatisé. Révolutionnaires que nous sommes.

 

tremper le biscuit

Certaines images peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes

 

Première réaction du Japonais qui reprend pied face au gouffre : la rationnalisation. Mais enfin pourquoi DIABLE trempez-vous ? Question un peu perturbante pour le Gaulois de la rue qui ne s'est jamais, il est vrai, posé la question. Ma foi... pour attendrir le biscuit ? Mais, vous rétorquera-t-on, ce biscuit n'est ni sec ni très dur. Vous vous tapez des croûtes de pain et des mimolettes vieilles bien plus coriaces tous les jours, ils vous ont vu(e). Certes. Indéniable vérité. Alors, tenterez-vous, disons, pour réchauffer le gâteau ? Mais dans ce cas, insistera-t-on, pourquoi ne pas plutôt mordre dans la pâtisserie puis boire une gorgée de thé (sous entendu : comme font les gens civilisés), ce qui revient au même ?... En effet. Logique imparable. Rapidement, le Français perplexe arrive à cours d'explication cohérente et, histoire de s'inspirer, re-trempe. Le malheureux. Non seulement il trempe, mais il re-trempe !!

Seconde réaction : votre hôte japonais éprouve le besoin de poser des limites à toute cette folie. Alors commencera la longue énumération de ce que vous osez tremper, et dans quoi vous prétendez le tremper. Trempez-vous des tartines, au risque de voir la confiture dégouliner dans le bol, les miettes qui se répandent dans le breuvage, et autres aberrations du genre ? Oui. Trempez-vous les divines viennoiseries, chef d'oeuvre d'architecture patissière, qui ressortent de là dégoulinantes et molles, informes, meurtries dans leur chair par l'odieux traitement ? Oui. Trempez-vous dans le thé, le lait, le tchai, le café, le cappucino, le caramel macchiato, le latte,  le crème, le noisette, le viennois, le chocolat ? Oui. Trempez-vous vos sandwiches au thon dans votre café ? Hein, non, beurk, certainement pas, ça ne va pas la tête, le poisson qui coulerait au fond de la tasse, ça non alors - Ah ! Mais est-ce tellement plus répugnant que l'infame bouillasse de résidu de biscottes qui finit par tapisser votre bol de thé tous les matins ??? Sincèrement ???... Bon, d'accord. Nous nous inclinons. Il est vrai que le trempage est une habitude irrationnelle, injustifiable et dépourvue de toute légitimité qui pousse ses racines dans nos subconscients sans aucun doute malades. Voilà. Pitié, ne nous sucrez pas nos visas.

 

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Dans un instant, cette scène va se transformer en boucherie

 

Rassurez-vous, à force, en faisant étalage de toutes vos autres qualités, vous parviendrez peut-être à compenser ce geste horrifique que vous vous obstinez à commettre en toute impunité une à plusieurs fois par jour; avec le temps, il est probable que vos amis japonais vous pardonneront ce travers et se contenteront de vous regarder accomplir votre terrible rituel d'un oeil torve... à condition que vous ne passiez pas la dernière des bornes, la frontière de l'horreur, le sacrilège innommable : le trempage dans du thé japonais. Pire ! Le trempage de denrées japonaises dans du thé japonais ! Alors là, plus de doute, vous cherchez la guerre. Que vous vous conduisiez comme un barbare avec vos propres aliments, soit. Mais vous en prendre à un innocent macha !... Lâche !... Et faire subir l'odieux traitement à des senbei, des mochi ou des beignets de pâte de haricot rouge qui n'ont rien demandé ! C'en est trop, on frise l'incident diplomatique grave.

Bref : Trempeuses, trempeurs, ils ne nous ont pas compris.

Les derniers arguments pour tenter de faire accepter l'inacceptable parviennent parfois à faire reculer le Japonais scandalisé témoin de vos agissements dans un silence sceptique : d'abord, sans cette belle coutume du trempage, la littérature française ne compterait peut-être pas aujourd'hui parmi ses chefs d'oeuvre le roman ultime de Proust, la Recherche. C'est bien la madeleine trempée dans le thé qui permet au narrateur de voir ressurgir les souvenirs, etc, etc. Quoique, si je me souviens bien, la tante Léonie se servait d'une cuillère pour imbiber la madeleine, mais bon, inutile de donner tous les détails à l'adversaire. Ensuite, il y a indéniablement quelque chose d'érotique dans le geste, l'expression fleurie "tremper son biscuit" voulant dire ce qu'elle veut dire - mais allez faire comprendre ce genre de subtilité sensuelle à un héritier de Confucius. Ah la la, elles sont bien loin nos racines grecques.

Sur ce, je vous laisse pour aller me faire un goûter de vandale.

Scandaleusement vôtre, etc.

 

Madeleine de Proust, ô geste régressif

De tremper le biscuit dans le thé du goûter

J'ignorais tout de ton potentiel agressif

Avant de l'avoir vu dans des yeux japonais.

 

 

25 octobre 2011

L'Heure du show

Bon : vous constatrez que la royale auteur de ce blog traverse une sacrée phase Cendrillon avec ces missions de volontariat dans le Tohoku.

Merci à mes camarades T., M. et Y. pour ces photos collector !

(je sais, j'ai l'air d'avoir perdu un bras, mais rassurez-vous le travail n'est pas dangereux à ce point là, c'est juste que ma veste était un poil grande.)

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Noemi au 20h de France 2

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Noemi sur TF1 (tout arrive...)

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Comme vous le voyez, l'essentiel du travail consiste à soulever les dalles de bétons qui recouvrent les caniveaux longeant la route, et d'extraire la boue et les déchets qui s'y sont accumulés à l'aide de simples pelles. Les gouttières étant trop étroites pour que les machines s'en chargent, c'est vraiment un travail qui doit se faire à la main. Les débris et la boue sont versés dans ces sacs blancs ensuite utilisés pour monter des digues le long de la rivière, les terrains s'étant bien affaissés un peu partout.

Les équipes de bénévoles ont toujours besoin de plus de bonnes volontés pour aider à faire ce travail salissant, fatiguant mais pas compliqué ! L'ambiance est bonne parmi les chasseurs de boue, n'hésitez pas à benir nous donner un coup de main si vous habitez dans la région de Tokyo.

Pour en savoir plus sur les week-ends de volontariat à Ishinomaki, ville ravagée par le tsunami du 11 mars 2011, organisés par l'Association des Français du Japon, c'est ici !

Compte rendu de la 10ème session de volontariat de l'AFJ : ici !

6 septembre 2011

La vie sans internet, c'est pas chouette

Puisque le monde, curieusement frappé d'amnésie, continue de nier l'évidence et refuse obstinément de reconnaître une bonne fois pour toutes mon statut princier, me voilà à affronter les problèmes de la vie comme une vulgaire souillon. Adieu galerie des glaces, baldaquin et chandeliers. Princesse déchue, je ne possède pas grand chose au monde. Je loue mon appartement. Je n'ai pas de voiture. Je n'ai même pas la télévision.

Je suis une princesse moderne, libre et détachée des basses choses matérielles (rejet de mèche derrière l'épaule façon L'Oréal).

Sauf quand il s'agit d'INTERNET *ô Dieu du Web, que ton nom soit sanctifié* *ô Toile Sacrée, Guide Suprême de nos vies* *danse de la pluie autour du modem*.

J'avoue, je suis faible quand il s'agit du net, et extrêmement dépendante de ma connexion web. Il m'a suffit d'une simple petite semaine privée de mon Internet adoré pour faire deux crises de nerfs, trois crises de larmes et une mini-dépression que je sens reculer dans ses tranchées subconscientes à chaque nouveau clic depuis que mes héros de NTT sont venus m'installer le shmilblick.

Internet, ça veut dire : les e-mails à la famille, les updates de mon blog, les statuts facebook de mes amis, l'information sur l'actualité Frenchy, l'accès à mes comptes bancaires, la moindre info pratique (horaire de train, prévision météo, plan de quartier...), skype, les séries en streaming, les images qui m'inspirent pour dessiner...Tout, quoi.

Enfin ça y est, il est fini le vilain cauchemar, tout est bien qui fini bien : je suis de retour ! Et je m'en vais de ce pas nourrir la rubrique Guide de Poche avec un article sur comment être connecté au monde depuis le Japon, pour les nuls.

Salutations !

4 août 2011

L'anti gorgée de bière (to be continued...)

 

Comme un pois assassin guettant dans le duvet

Comme une tache sur une clé, une quenouille aiguisée

Ces petits riens majeurs qui pourrissent la vie

Et qui nous font vouloir rester au fond du lit.

 

"GRUFPW"

pieces of me

Trop dure la vie...

Le doigt de pied qui s'écrase dans le coin de la table, de l'armoire, de la porte, etc.

La poignée de porte qui s'enfile dans la manche jusqu'au coude et qui vous retient brutalement

La porte d'entrée qu'on claque une nanoseconde avant de réaliser qu'on a laissé les clefs à l'intérieur

La bouteille d'huile qui explose par terre

Le paquet de farine qui explose par terre

Le thé bouillant qui valse hors de la tasse, vous cramant les doigts qu'on ne peut évidemment pas lâcher tout de suite

Le robinet en mode bouillant quand on le pensait tiède

Le vêtement qui déteint dans toutes la machine

Le PC qui claque juste la veille d'une remise de mémoire, de dossier, de présentation etc.

L'ampoule qui re-claque une minute après que vous ayez rangé l'escabeau

Les clés perdues au fond du sac, et le téléphone sonne dans la maison

La feuille de papier qui froisse quand on gomme

Le stylo bic qui ne marche pas à la verticale

Le papier qui pour des raisons obscures, refuse le bic alors que le bic marche sur votre doigt

La page internet que vous fermez sans réfléchir et que vous n'arrivez plus jamais à trouver

L'allergie au médicament censé soigner un autre problème

La TV qui s'allume en son maximum et la télécommande est introuvable

Le Télérame qui a disparu et que tout le monde cherche en se jetant des regards suspicieux

La chaussure qui couine sans qu'on sache pourquoi

Le moustique introuvable dans la chambre, qu'on entend pourtant à plein volume dès que la lumière s'éteint

L'acouphène la tête sur l'oreiller

L'ongle qui se retourne quand on fait le lit

Le collant à 7 euros qui file pendant qu'on l'enfile

Le coup de jus avec la portière de la voiture

La petite culotte toute propre qui tombe sur le sol douteux de la cabine de la piscine

Le cheveu dans la bouche qu'on arrive pas à attraper

La limite des 72 minutes de Mégavidéo au moment le plus palpitant

Le sac plastique pour les fruits et légumes qu'on arrive pas à séparer

La chaise en paille imprimée sur l'aarière des cuisses tout l'après-midi

La mascara qui tâche la paupière sur l'ombre à paupière fraîchement mis

Plus de papier toilette au moment le moins opportun

Plus de batterie au milieu de la conversation

Les doigts englués ensemble alors qu'on essayait de recoller un truc

Le voisin qui fait des travaux le samedi matin

Le voisin qui met de la musique à fond le samedi matin

Le voisin qui prend une leçon de vilon le samedi matin

La fermeture éclair du sac qui craque - sac nickel par ailleurs, devenu inutilisable

La boule de glace qui s'échappe du cornet et qui s'écrase par terre

Le sac d'ordures qui perce, répandant son jus dans la poubelle

L'arrivée devant des portes de sortie du RER, en se rendant compte qu'on s'est trompé de zone, qu'il n'y a pas moyen d'ajuster ni d'expliquer son cas mais seulement de passer par dessus avec des sacs et ses talons hauts

S'apercevoir qu'on s'est trompé de date et que l'émission qu'on attendait avec impatience depuis une semaine, c'était hier

Pas de stylo sous la main alors qu'on doit noter ce numéro de téléphone

Le pinceau qui perd ses poils dans la peinture

Le génie de la lampe qui apparaît, on n'a pas eu le temps de penser à ses voeux, trop tard la deadline est dépassée le génie disparaît

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Vous en avez d'autres ?

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17 janvier 2011

Un goût de madeleine : n°3

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Alors quand même, question : puisqu'on avait tout à la maison, que diables sommes nous allées faire dans la toundra ??? Hein ??? Risquer de perdre ses orteils et de se faire croquer par un loup, pour quoi je vous le demande ?...
Mais c'est vrai que sinon, "il n'y aurait pas d'histoire..."

14 janvier 2011

Un goût de madeleine - n°2

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Fantasia de Disney. Tout un poème.

13 janvier 2011

Un goût de madeleine - n°1

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Et voilà d'où vient ma passion pour le cocooning.

22 novembre 2010

Fantômette Experience

Seigneurs, gentes dames, petits pages et autres manants de passage, bonsoir !

Parmi les grandes figures qui ont inspiré ma princessitude, il en est une à qui je souhaiterais rendre hommage aujourd'hui, à l'occasion de cette Chronique Princière n°3 ! Sonnez, hautbois !

 

Alors voilà, Fantômette a cinquante ans déjà ; tout cela ne nous rajeunit pas et encore moins la génération de nos mamans à qui nous avons piqué les vieux "Bibliothèque Rose" quand nous étions enfants - ceux qui avaient la couverture cartonnée et le papier usé, jauni, qui avait pris un parfum délicieux avec le temps.

Fantômette n'a pas pris une ride ; ses lecteurs, si

Alors que la Bibliothèque Rose célèbre (modestement) le cinquantenaire de son héroïne au pompon noir, la toile fleurit de commentaires tels que "Que de souvenirs ! Mais je n'ai pas réussi à convertir ma fille" ou "Je suis un fan de Fantômette ! Quel dommage que mon fils n'adhère pas".Question : Fantômette aurait-elle pris un coup de vieux, par hasard ?

Si Fantômette avait vieilli en temps réel, elle serait aujourd'hui une nana épanouie, peut-être rédactrice en chef d'un journal d'investigation ou conférencière de haut vol dans les plus grandes universités européennes - la matière grise n'avait pas l'air d'être un souci pour elle. Elle ferait sans doute un peu moins de terrain, et devrait reconnaître que ses collants noirs lui vont un peu moins bien qu'avant. Mais elle serait sans doute toujours aussi mutine et aventurière. Sa copine Ficelle serait toujours aussi allumée et ce serait une célibataire endurcie, tandis que l'amie Boulotte serait une maman au foyer comblée, entièrement dédiée à la satisfactions des estomacs de sa précieuse marmaille. Fantômette aurait quelques flirts, par-ci, par-là, et aurait fini par s'attacher à quelque brillant intellectuel dont elle partagerait la vie tout en protégeant jalousement son indépendance. Cela ferait longtemps qu'elle aurait quitté Framboisy.

Mais voilà toute la magie : Fantômette n'a jamais grandi, elle est resté à la frontière de l'enfance avec sa capacité d'imagination, son espièglerie, sa souplesse miraculeuse ; et de l'adolescence avec son impertinence, ses identités multiples et ses grands secrets.

Et si les chérubins d'aujourd'hui n'accrochent pas, c'est juste qu'ils ne savent pas lire, ce n'est pas plus compliqué que ça. Posez-vous les bonnes questions, nom d'un pompon.

 

Ma version de Fantômette (1)

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La parenthèse Fantômette
En tant que rat de bibliothèque first class en mes jeunes années, j'ai bien sûr dévoré un bon nombre de "Fantômette" en m'identifiant béatement à l'héroïne. Fantômette est l'idéal de la jeunesse pré-adolescente : brillante élève le jour, elle se transforme en justicière hors-pair la nuit et traque les malfaiteurs de tout poil. Elle est agile, débrouillarde, futée et finit toujours par déjouer les plans de ses adversaires. Mais son côté invincible repose sur des acquis multiples - et fascinants pour la petite banlieusarde rêveuse que j'étais : Fantômette, à douze ans, parle une bonne dizaine de langues, connaît ses classiques, sait l'actualité sur le bout des doigts, lit indifféremment des ouvrages de physique quantique et des encyclopédies en genre, a des capacités de déduction hors du commun... bref, la jeune justicière n'a pas que sa souplesse et et la loi du genre de son côté : c'est parce qu'elle est supérieurement intelligente et cultivée qu'elle triomphe des vilains. J'aime.

Fantômette est invraisemblablement mature pour une fille de son âge. D'ailleurs, dans les livres de Chaulet, les parents passent à la trappe ; les jeunes filles sont livrées à elles-mêmes et s'en portent très bien. Mais pour autant, Fantômette ne sombre pas dans les histoires de cœur - l'idée ne l'effleure même pas. La seule figure masculine positive de la série est incarnée par le journaliste et complice Oeil-de-Lynx, qui a deux fois son âge, ce qui exclue toute possibilité de romance - en plus, il s'appelle Dupont dans le civil, comme Fantômette, ce qui tend à les assimiler à une même famille même si rien n'est dit à ce sujet dans les livres. Oeil-de-Lynx est un grand frère, un jeune oncle, un ami précieux, tout ce qu'on voudra mais pas un amoureux. Sinon, il y aurait bien pu y avoir Eric, le fils du Masque d'Argent, qui a le même âge que notre justicière et qui témoigne de la même intelligence disproportionnée que Fantômette. Sauf que c'est une âme damnée à faire le Mal et que Fantômette est bien trop occupée à le combattre pour lui trouver du charme. En un mot, Fantômette représente la liberté totale : la puissance des neurones et le privilège de la culture combinés à l'absence totale d'émotions perturbatrices. Alors qu'on lit ses aventures à l'âge ingrat (neurones neutralisés par les hormones, culture zéro et saturation d'émotions perturbatrices), Fantômette relève plutôt de l'âge de grâce. Une parenthèse de légèreté et de liberté entre les dépendances de l'enfance et les pesanteurs de l'âge adulte.

Ma version de Fantômette (2)

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24 octobre 2010

Blonde Symbolique

La blondeur, ou l'apanage par excellence de la princesse classique. C'était le sujet idéal pour cette Chronique Princière n°2 ! En avant, mes gens !

L'expo Brune/Blonde de la Cinémathèque fait couler beaucoup d'encre et nous en sommes éclaboussés jusqu'ici, à Tokyo.


Il paraît qu'interrogeant surtout la blondeur, et dont elle est investie dans notre société, elle fait plutôt l'impasse sur les brunes et le pouvoir symbolique des cheveux bruns au féminin. Je prêche un peu pour ma paroisse, certes, mais il semble naturel que la blondeur suscite davantage de commentaires : les cheveux blonds naturels sont non seulement rares (rapport de 1 à 1000) mais originellement "anormaux" en ce qu'ils procèdent, selon toute vraisemblance, d'une certaine mutation génétique - une sorte d'albinisme localisé. De plus, malgré la grande palette des blonds, quantitativement parlant, les cheveux clairs composent un segment plus réduit, plus facile à "visualiser", en comparaison avec l'infinité de nuances, d'effets et de subtilités qui composent l'éventail des bruns - du noir de jais au châtain clair, en passant par les bruns chauds, les marrons glacés, les noirs bleutés, les bruns cuivrés, boisés, rosés, mats, brillants, sombres, lumineux... Le brun asiatique n'a rien à voir avec le brun africain, italien, sud-américain... Bref, le blond, plus rare, plus aisé à limiter ethniquement parlant et à localiser (type caucasien, Europe du Nord...) constitue plus facilement une catégorie que l'on peut appréhender comme telle. De plus, quand on pense que des ethnies entières ne comportent pas un seul blond, alors que toutes ont des bruns, on comprend que la blondeur fascine.


(Pour l'anecdote, les premiers cheveux blonds ont été portés par des individus de type caucasien qui vivaient... en Asie. J'aime l'idée.)


La blondeur attire donc "physiquement" le regard du fait de sa luminosité et de sa relative rareté; la blondeur est suffisamment minoritaire pour entretenir le mystère... Pas d'offense, ô lecteurs bruns, mais quoi de plus naturel que le cheveu clair excite les sens et l'imagination...

 

Là où l'affaire, à mon sens, se corse, c'est que ce n'est précisément pas la blondeur qui est, en termes laudatifs ou discriminatoires, titillée dans notre société, mais bien les blondes. C'est à dire, la blondeur... au féminin.

Il y a-t-il des blagues de blonds ? Jamais entendu parler. Classe-t-on les stars masculines blondes du cinéma hollywoodien dans la catégorie "Blond" comme leurs homologues féminins ? Non. Les blonds ne sont d'évidence pas "identitairement" définis par leur couleur de cheveux comme les femmes le sont, elles. Certes, de façon générale, la crinière féminine est plus longue  d'une part, donc plus voyante; d'autre part, traditionnellement, pour nous les filles, la coiffure est un élément déterminant de l'image de nous-même que nous renvoyons à la société, plus que pour ces messieurs. Mais tout de même. Le "fantasme de la blonde" existe, mais pas vraiment le fantasme du blond. La blondeur au masculin, apparemment, n'inspire pas des masses - sauf notre Gad Elmaleh national qui seul a su faire du Blond un concept original - le stéréotype du mec ridicule dans sa perfection. Et l'Autre absolu, naturellement, celui qui ne vous ressemble en rien.
En un mot, être blond ne porte pas vraiment en soi à conséquence, mais être une femme blonde, croyez-en ma vieille expérience, c'est loin d'être anodin.

De ce fait, ne pouvant pas juger par moi-même de la qualité du contenu de l'expo de la Cinémathèque, je me contente d'apporter ma pierre en offrant ici mon témoignage de blonde - et de vraie blonde, s'il-vous-plaît.

Etre blonde dans ce monde nécessite un peu d'humour

Certaines personnes emploient le mot "discrimination" pour évoquer les blagues de blondes, le comportement macho que semblent parfois ponctuellement susciter nos cheveux clairs et le fait d'être régulièrement renvoyée à la catégorie "blonde "que certaines personnes associent malheureusement à la bêtise, ou à la légèreté des mœurs. C'est à mon sens mal évaluer ce qu'est la véritable discrimination ; en attendant, les petites blondes ne sont pas la cible privilégiée des contrôles d'identité,  n'ont généralement pas de problème pour passer la douane à l'aéroport et ne voient pas leur CV  ou leur dossier logement recalés par peur qu'elles fassent peur aux clients ou au propriétaire. Les blondes souffriront peut-être un jour de discrimination, qui sait (quand les Chinois domineront le monde ?...) mais jusqu'ici, il faut se calmer sur l'évaluation du préjudice.


Il est vrai, en revanche, et notamment dans la vie professionnelle, que le fait d'être blonde semble attiser certains comportements macho ou paternalistes de la part des hommes autour de soi. J'en ai fait l'expérience ; mais à ces moments, je me suis davantage sentie touchée en tant que femme et en tant que jeune qu'en tant que blonde. L'attitude de mes interlocuteurs suggérait que mes chevaux clairs faisaient ressortir de manière exacerbée ce qu'ils pensaient réellement des jeunes femmes - pas vraiment ce qu'ils pensaient des blondes en particulier. J'en ai donc toujours déduit que même si la blondeur est une sorte de déclencheur à connerie sexiste (comme un produit révélateur dans une expérience de chimie), tôt ou tard mes collègues brunes auraient également souffert, plus ou moins frontalement, du même machisme. J'envisage donc ma blondeur plutôt comme un atout, car elle a le pouvoir de désarmer plus rapidement les dispositifs de bonne figure des machos, et me révèle plus tôt qu'à d'autres le degré d'imbécilité de certains. Quant à la soi-disant hostilité des collègues brunes qui vous verraient comme une dangereuse concurrente, bla bla bla... Jamais vu. Si vous n'êtes pas une prédatrice, tout le monde s'en rend vite compte, quelque soit votre couleur de cheveux. La compétition a lieu entre les ambitieuses à armes égales, non entre le clan des blondes et le clan des brunes, ne rêvons pas.


Par ailleurs, il est vrai que les blondes ont pris le relais des Belges dans le répertoire des blagues à la con et que même les non-machos ont tendance à vous les infliger, pour voir - et bien, rions-en, mes sœurs. Car souvent, ces blagues sont drôles.

 

 

 

Etre blonde vous fait passer pour une ultra-femme

Il y a consensus parmi les sociologues qui se sont penchés sur la question : la blonde potiche est le creuset des projections fantasmagoriques masculines sur la féminité, démultipliées et exagérées jusqu'à la caricature : c'est un objet de désir qu'on aime soumise (donc pas trop intelligente, ça gêne l'esprit de soumission en général), sexuellement disponible et ingénue jusqu'à ignorer le jeu de perversion dans lequel elle s'inscrit. Pourquoi cette femme irréelle et fantasmée est-elle blonde ? Parce qu'une fois de plus, le blond est rare; étant rare il est d'autant plus un objet de désir, et nous sommes dans une peinture de l'être désiré. C'est aussi simple que cela. Aussi les blagues de blondes n'attaquent-elles pas nos amies les Suédoises ni notre ADN dégénéré, rassurez-vous, mais ne sont qu'une banale manifestation de l'angoisse de l'homme occidental dont la femme ne prépare plus les pantoufles et n'excuse plus avec bienveillance sa calvitie et son ventre de bière. C'est de bonne guerre. Quelques blagues de blondes en échange du droit de vote, de la pilule, de l'accès aux postes de représentation... et la majorité des femmes, brunes, n'en pâtissent même pas. Je trouve qu'on y gagne.

Mais il est vrai qu'en tant que blonde, tout le monde s'attend à ce que vous dépliiez régulièrement toute la panoplie de la féminité. Vous avez quelque chose de fragile, d'enfantin, de tendre. Vous aimez le rose, les trucs qui brillent. Vous connaissez la mode, vous êtes sophistiquée, vous avez le sens de la famille, vous voulez vous marier et avoir des enfants. Vous êtes soit extrêmement mignonne, soit glacée comme une gravure de mode. Tout le monde s'émerveille de vous surprendre en flagrant délit de blonditude, alors qu'ils ne remarqueraient même pas la même chose chez une fille plus brune. En revanche, tout le monde trouve ça extraordinaire que vous soyiez capable d'aller en Asie (où vos congénères sont tellement rares), d'apprendre une langue orientale, etc... comme si vos cheveux blonds étaient réellement trop spéciaux pour s'adapter à un contexte différent ou de nouvelles conditions de vie. Aussi, il faut bien le dire, même pour de mauvaises raisons, tout ce que vous faites a tendance à être valorisé. Pour ma part, ça fait vingt-cinq ans que ça dure, et je me demande avec intérêt si un jour on me considérera comme une adulte responsable et non comme une sorte d'ado qui fait des prouesses ; ou si ce jour n'arrivera jamais. Les deux me vont, quoiqu'il arrive.

Blonde au Japon : ultra-femme et ultra-gaijin

C'est bien pratique, j'avoue : on me voit de loin dans la foule japonaise. Dans les manga, les Occidentaux - en plus d'avoir un grand et long nez - ont des cheveux tellement bright que des petits traits évoquant la lumière s'en échappent. Je dois faire cet effet à de nombreux passants. Mais tous les étrangers ont tôt ou tard au Japon le sentiment d'être regardés à la dérobée, surtout dans les petites villes de province, et cela quelque soit leur couleur de cheveux. Le fait d'avoir des yeux bleus et des des cheveux blonds ne fait qu'accentuer le phénomène. Je suis souvent démarchée dans la rue par des apprentis coiffeurs qui ont besoin de modèles ou des étudiants en écoles d'esthétique. Mon crâne est très convoité.

A part ça... rien de nouveau sous le soleil. Il est vrai que dans un groupe de gaijin, les Japonais me choisiraient peut-être plus qu'un autre pour nous représenter, car ma blondeur pourrait me faire passer pour la non-japonaise absolue. Mais là encore, aucune discrimination anti-blond, juste le sentiment d'être perçue par les uns et les autres comme un être puissamment symbolique. Symbole de féminité, symbole de l'ailleurs ; ces costumes seront peut-être un jour moins faciles à porter, mais pour l'instant, j'avoue que l'héritage capillaire de ma maman a plutôt joué en ma faveur.

 

 

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