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Noemi Noemi
31 janvier 2012

Hommage

Un de mes plus intenses souvenirs d’enfance remonte à la nuit où ma petite sœur s’est annoncée. Si si, bien que ce soit difficile à croire, cette grande jeune fille aujourd’hui chargée de presse pour une radio internationale a un jour été un petit bout de chou sur le point d’être mis au monde.

J'avais cinq ans et je dormais du sommeil du juste, lorsque que mon père vint me réveiller doucement. Le bébé tant attendu allait bientôt arriver, et « comme prévu » dans ce cas-là, je devais aller passer le reste de ma nuit « chez Léone ».

LEONE1

Léone, c’était la maman de ma copine Pauline, avec laquelle un lien mystique était noué pour toujours puisque nous étions nées avec exactement une semaine d’écart. Cela me semblait, à l’époque, constituer une sorte de parenté sacrée qui m’a tellement marquée que même aujourd’hui, alors que les dates importantes, remarquables ou symboliques se bousculent dans mon agenda, je ne peux pas m’empêcher d’y songer malgré moi à chaque fois qu'arrive le 10 novembre.

 LEONE3

Depuis le début de ma scolarité, j’avais donc un abonnement « chez Léone », à la table de laquelle j’échappais pour quelques années aux affres de la cantine, et chez qui j’allais également après les cours, faire mes devoirs et jouer avec Pauline jusqu’à ce que ma maman à moi puisse enfin s’échapper de ses interminables réunions parents-professeurs. Ce deuxième foyer était pour moi emprunt des rituels quotidiens, de la révision des tables de multiplication et de l’odeur du goûter ; c’était la maison des jours d’école, de la petite routine bien huilée de l’enfance. Aussi, l’idée de descendre l’avenue Maurice Ravel en pleine nuit pour m’y rendre à une heure si peu normale me faisait l'effet d'une grande aventure. J’avoue que la perspective de l’arrivée de ma petite sœur m’apparaissait comme un évènement mineur par rapport à l’excitation d’aller dormir chez mon amie de façon si inopinée.

 L2

On m’enfila, sacrilège ultime, mon manteau directement sur mon pyjama, et mon père m’emmena dans la fraîche nuit de janvier.

Un coup d’ascenseur plus tard, et je me retrouvais face à Léone qui nous attendait sur le palier, en chemise de nuit, serrée dans un châle, ses épais cheveux bruns cascadant sur ses épaules. Je me rappelle d’avoir été stupéfiée de les voir si longs et si beaux, eux que j’avais toujours vus impeccablement nattés et noués en chignon, onduler dans le courant d’air comme des sarments d’hiver. C’est toujours de cette façon que je me souviendrai de ma nourrice : une apparition magique et bienveillante sur le pas de sa porte ouverte, les bras tendus prêts à m’accueillir, postée là tel le bon génie de la maison.

 LEONE4

Mon souvenir d’enfance s’arrête là ; sommeil ou inattention, je ne rappelle ni m’être couchée, ni avoir pris le petit déjeuner le lendemain matin avec mes hôtes, ni quoique ce soit jusqu’à la visite à la clinique où je rencontrai enfin ma sœur. Mais je garde à tout jamais la sensation exquise de cette nuit incongrue, et la mémoire du sourire calme de Léone, toute auréolée de lumière.

 

Avec tout mon amour

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Commentaires
N
Ha oui, hein, pas de clin d'oeil familial sans le lapin Bunny dans le coin... non mais.<br /> <br /> Je suis contente que ce flash-back vous ait plu, et je me joins à vous dans la célébration des bons souvenirs !
M
Et la petite sœur eut l'immense plaisir de goûter par la suite aux déjeuners "Léoniens" qui la sauvaient de la cantine, aux goûters, aux jeux avec Chatterton le chat dont les prouesses sur la structure du lit superposé m'ont marquée à vie, aux dessins animés, à l'Etalon Noir à la télé, et à se rouler dans les couettes avec Pauline en jouant aux "rouleaux de chatons à enfourner", aux facétieuses plaisanteries de Léone sur mes étranges lubies en matière de doudou, etc., etc. <br /> <br /> <br /> <br /> Je n'ai que des bons souvenirs qui lui sont attachée... Ton hommage m'a bien émue.
K
Dans un passé de nouveau si présent depuis 24heures...Adorable et émouvante évocation de cet épisode capital de notre saga familiale, et auquel il est doux autant que légitime d'y associer et d'y célébrer Leone..<br /> <br /> je vois que notre cher et vieux Bunny n'est pas en reste, c'est trop mignon!
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