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Noemi Noemi
tokyo
4 août 2013

"I see you" - Récit d'une opération Lasik à Tokyo

"J'ai des lunettes, j'ai des lunettes"

Depuis toute jeune, j'évolue dans un univers flou, cotonneux, ouaté, incitant à la rêverie : le Royaume de Myopie. Où il règne un sacré bazar, je vous prie de me croire.

En Terre Myope, toute idée de frontie a été abolie; les contours inexistants des choses les font adhérer avec leur environnement, comme une aquarelle diluée où les couleurs, seuls indices de l'individualité des objets, coaguleraient entre elles avec insistance. C'est un monde spongieux, caoutchouteux, recouvert d'une fourrure dense et mouvante. C'est un concon trompeur où la moindre lumière vacille comme une bougie.

La myopie est la grande maladie des personnes introverties et incertaines: l'oeil néglige de s'intéresser au lointain, et se fatigue à décrypter le tout près, terriblement anxieux de sa propre personne. C'est le fléau des grands lecteurs, des sédentaires, des intellectuels, des cérébraux repliés sur eux-même. La myopie vous plonge dans une râverie dubitative, vous porte à croire que l'ailleurs est indéchiffrable, qu'autrui est hermétique et incompréhensible. Qu'aucune réalité ne peut être appréhendée en dehors de soi-même. Et à force de plisser les yeux en vain, on en vient à s'en remettre systématiquement à son oeil intérieur.

Je me suis souvent demandé : même si les myopes étaient bien plus rares en ces temps reculés où localiser son dernier mouton à l'autre bout de la prairie était une activité plus courante que le matage de séries sur un écran PC, comment les quelques malchanceux tout de même frappés de floutage sévère faisaient-ils donc pour survivre ? La myopie devait être aussi handicapante qu'une patte folle ou qu'un pied bot. Tout le monde n'avait certainement pas les moyens de se faire faire des binocles approximatifs. Pour ma part, avec mon -7,5 aux deux yeux et mes traîne-misère d'ancêtres, si j'étais née à une époque moins confortable, je crains fort de n'avoir été absolument bonne à rien.

Je suis officiellement bigleuse depuis le CP, année durant laquelle j'ai reçu ma première paire de lunettes. Je m'en souviens encore : elles étaient fines, vertes et dorées, avec les lettres "ABCDE" en caractères fantaisistes à la jointure des verres, entre les deux yeux. On m'avait acheté un petit cordon assorti à passer derrière la tête pour éviter qu'elles ne se fracassent au sol à la moindre glissade de mon nez enfantin. Année après année, ma vue régressa et mes verres s'épaissirent jusqu'à ce qu'il faille les faire affiner, opération coûteuse qui trouait allègrement la mutuelle paternelle. Cela n'empêcha pas mes culs-de-bouteilles de dépasser un peu plus de ma monture chaque année. Adolescente, lassée de mon look d'intello et de lutter contre la buée qui m'aveuglait à chaque fois que, venue du froid, je montais dans un bus, je me mis aux lentilles de contact. Enfin, ma vue cessa de baisser et je pus un peu oublier, entre mes séances de lotionnage biquotidiennes, que j'étais myope comme une taupe. Mais toujours, du coucher au lever, je devais retourner à cet étrange Etat de Myopie, avec ses halos de lumière débordants et ses aplats de couleurs mélangées. Je devais jongler avec les lotions, les boiboites à lentilles, l'étui à lunettes de secours, les mains propres, les renouvellement d'ordonnances annuelles, les lentilles perdues, déchirées, contaminées, coincées sous la paupière, piquant les yeux certains matins, difficiles à enlever le soir... le réjouissant quotidien du myope.

Mais ça, c'était avant.

Au mépris du prix, je me décidai enfin à tenter l'opération des yeux au laser, ou Lasik de son petit nom. Et devinez quoi ? J'y vois ! Bon sang, j'y vois !

A tous ceux qui seraient tentés de renier leurs origines myopes et de devenir citoyen de la Netteté, je vous apporte mon témoignage. Et à tous ceux qui sont en exil au Japon, voici quelques informations précieuses.

J'ai subi l'opération de la myopie par traitement lasik à la clinique Kobe Kanagawa de Shinjuku, à Tokyo (à cinq minutes de la nishiguchi de la gare Shinjuku JR). J'ai choisi cette clinique parmi les nombreux centres lasik de la capitale car leur site internet, entièrement traduit en anglais, m'a permis d'économiser un temps de lecture précieux. De plus, un ami avait déjà fait le lasik là-bas et était très content du résultat. Par la suite, je fus ravie de constater que non seulement le site, mais toute la paperasse était également disponible en anglais aussi bien qu'en japonais, ce qui est pain-béni quand on parle de documents médicaux, techniques ou légaux. De plus, le personnel, très habitué aux patients étrangers, ne pique pas une suée de stress en voyant débarquer une blondinette et s'exprime dans un japonais courtois mais pas "confondant de politesse" - les japonisants comprendront de quoi je parle. Pour le reste, je suis bien incapable de comparer l'excellence du matériel ou le savoir-faire des chirurgiens, mais sachez que dans mon cas l'opération s'est parfaitement déroulée et qu'aucune retouche n'est envisagée. Par ailleurs, je bénéficie d'une garantie de cinq ans en cas de pépin à venir.

Il faut bien noter que si l"intervention est stupéfiante de rapidité, le suivi est primordial ; dans le prix total sont donc comprises quatre visites de contrôle : jour suivant, une semaine après, un mois après et trois mois après. En outre, des contrôles supplémentaires (toujours gratuits) sont possibles à la demande du patient. Les gouttes et autres médicaments sont gracieusement fournis pendant cinq ans.

En ce qui concerne les risques : beaucoup ont peur de perdre la vue à cause du laser, mais ce risque est infinitésimal... en cas de mégabug de la machine, ou d'équipe médicale complètement cuite, à la rigueur, mais à moins d'aller vous faire charcuter par des charlots complets, ce risque est inexistant. Le danger principal est de contracter une infection suite à l'opération; comme après toute chirurgie, des précautions sont à prendre pour éviter toute insertion de produits/poussière/bactéries jusqu'à la cicatrisation complète. Sport, maquillage etc sont à éviter pendant quelque temps. Ensuite, en cas de résultats pas immédiatement satisfaisants, il est possible qu'on doive procéder à des retouches; ce sont les examens préliminaires qui détermineront si les yeux sont capables de subir une éventuelle deuxième intervention, ou non. Dans le cas de la clinique que j'ai fréquentée, si l'oeil n'est apte qu'à recevoir une seule et unique intervention, alors le patient est carrément refusé. En effet, ce serait une agaçante perte de temps et d'argent que de se faire ainsi laserifier pour ensuite avoir toujours besoin de lunettes, vous avouerez. Autant ne pas friser le découvert bancaire pour rien.

L'odyssée de la vue retrouvée commence donc par ce rendez-vous pris par e-mail directement sur le site de la clinique, et par cette longue batterie de tests (environ deux heures) qui permettront de déterminer si vos prunelles sont opérables, et quel type de lasik vous conviendrait le mieux.

En effet, il existe plusieurs typs d'interventions et le prix varie selon leur degré de sophistication. Comme il fallait s'y attendre, votre taupinette préférée n'a pas pu s'en tenir au tarif de base car pour avoir un résultat parfait, le niveau "premium" était chaudement recommandé. J'ai donc soupiré une bonne fois et opté pour la qualité - mon compte en banque s'en remettra, et qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ses beaux yeux!...

La façon de découper l'ouverture à la surface de l'oeil, pour faire place au rayon laser, fait aussi grandement varier les prix. La méthode traditionnelle, manuelle, effectuée grâce à une micro-lame répondant au doux nom de "kératome", est la moins chère mais aussi la plus contraignante; déjà, psychologiquement parlant... et puis la découpe manuelle est forcément moins nette, ce qui "chauffe" davantage l'oeil pendant la cicatrisation - en clair, ça fait plus mal. Les risques d'infection ou de déplacement de la petite peau soulevée sont également plus élevés. En tant que flipette assumée, j'ai préféré opter pour la méthode "tout laser" : un premier laser qui découpe le hublot par injection de toute petites bulles d'air, puis un deuxième pour corriger la vue. Nettement plus confortable psychologiquement, plus rapide, plus sûr, et moins douloureux après l'opération !

Résultat des courses : même avec la réduction grâce au "sponsoring" de mon ami ayant effectué le laser l'an passé, je me suis retrouvée avec une facture de 272 000 yen. Gloups. Mais qu'est-ce que l'argent face au bonheur d'y voir clair pour toujours (enfin, jusqu'à ce que la presbytie me rattrape) ? Et puis mes yeux, après tout, c'est ce que j'ai de mieux... Ils méritent bien que j'investisse un peu en leur faveur.

A propos de la douleur : alors franchement, vous pouvez y aller relax. L'opération en soi est complètement indolore, et même la gêne que je m'attendais à subir quand on vous "fixe" les paupières et les globes oculaires pour les maintenir en place n'était pas au rendez-vous. Moi, je n'ai vu que le produit qu'on me mettait dans les mirettes, ensuite, heu... je n'ai plus rien senti, ni vu que du flou liquide, jusqu'au joli phare orange et vert qui émettait des flashs. Les deux machines sont passées au dessus de ma tête sans que je fasse le moindre geste et une gentille infirmière m'a tenu la main tout du long pour m'éviter de stresser. Et ça n'a duré que 6 ou 7 minutes à tout casser, et encore, en comptant le dernier check d'identité à l'entrée du block et l'installation dans le fauteuil. En toute honnêteté, il y a beaucoup plus à redouter d'une épilation ou d'une visite chez le dentiste !

En me relevant du fauteuil, malgré l'effet de couleurs un peu passées (comme quand on porte des lentilles "beurrées"), j'ai tout de suite "vu" que j'y voyais clair. Je pouvais distinguer les visages du staff médical, alors qu'ils étaient flous en entrant sans lentilles ni lunettes, et je pus rentrer chez moi en train au lieu du taxi comme j'avais prévu, tellement j'y voyais correctement. En fait, j'ai trouvé les heures suivants la batterie d'examens préliminaires bien plus pénibles, car on m'avait mis des gouttes élargissant la pupille, et en ressortant sous le cagnard j'avais bien du mal a regarder devant moi tant tout me semblait éblouissant. Mais après le lasik, c'était on ne peut plus supportable de marcher dans la rue. Une fois rentrée à la maison, l'effet des liquides antidouleurs s'estompant, mes yeux se mirent à tirer un peu, et les larmes à couler toutes seules ; je me réfugiai donc dans la sieste recommandée, sans oublier de me mettre régulièrement les gouttes fournies. Dès le soir, je me sentais beaucoup plus à l'aise et ne pleurais déjà plus; seule subsistait une impression d'yeux fatigués. A la visite du lendemain, on me confirma que tout allait comme sur des roulettes. Et depuis... je n'en reviens toujours pas de constater comme une vie peut changer autant en quelques flashes !

Alors voilà : Adieux lentilles et lunettes, soucis à la plage, craintes à la piscine, verres solaires qui coûtent un bras et agenda booké de l'ophtalmologue sur six mois; j'y vois magnifiquement bien et compte bien en profiter à fond.

A tous les compatriotes franchement myopes qui commencent à en souper de la corrida des lentilles, je vous le confirme : la lasik, ça vaut le coup. Et pour les habitants de Jappyland, je peux vous sponsoriser si ça vous chante. Je dis ça, je dis rien...

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30 juin 2013

Sunday in Yokohama

Living in Tokyo is far better than many people think : no, there is not only concrete and glass everywhere around; yes, Tokyo is full of trees, parks, garden, and even woods. No, the whole city is not noisy with roaring cars and crying trains ; business districts apart, many residential areas are so silent that you wonder if you are really in one of the busiest megapole of the world. You can perfectly find peace and green in Tokyo. What you can't find is space.

You know: space. No building in the skyline. Distant walls and roofs. Room for your look at your left, at your right. No shadow between you and the sky. Space.

When you need space, take the Toyoko line for 25 minutes in the direction of Yokohama, the most "opened" city of the country - spiritually, and physically. Breath. Refresh. Rest you eyes watching far, very far in front of you.

Invitation to the Voyage

My child, my sister,
Think of the rapture
Of living together there!
Of loving at will,
Of loving till death,
In the land that is like you!

The misty sunlight
Of those cloudy skies
Has for my spirit the charms,
So mysterious,
Of your treacherous eyes,
Shining brightly through their tears.

 

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The oriental splendor,
All would whisper there
Secretly to the soul
In its soft, native language.

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See on the canals
Those vessels sleeping.
Their mood is adventurous;
It's to satisfy
Your slightest desire
That they come from the ends of the earth.

 

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The setting suns
Adorn the fields,
The canals, the whole city,
With hyacinth and gold;
The world falls asleep
In a warm glow of light.

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There all is order and beauty,
Luxury, peace, and pleasure.

 

— William Aggeler, The Flowers of Evil (Charles Baudelaire)

 

 

 

22 juin 2013

Advantages of the Japanese rainy season

Every year in Japan, this is the same story : after the magic of blossoming sakura in April/May, we are slowly slipping into the hot season. And before the sweaty summer, there is the grey, the wet, the uncomfortable rainy season. Grey sky, heavy rain, first mosquitos and other disgusting insects, and you can't even wish it's over, because you know that after that, Tokyo will turn into a giant hammam. But let's see the good sides of tuyu, the Japanese rainy season, too.

ADVANTAGE n°1

This is Singing in the Rain every night. Just stop playing with your smartphone for a while, and look around you. The ballet of umbrellas. The artistic combination of rainy boots and open shoes (two different strategies to walk into the puddles, pick up your side). The reflection of lights in the shining watercourses. By night, rainy Tokyo is even more beautiful.

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ADVANTAGE n°2

Fireflies. Hotaru, in Japanese. If you can afford a week-end in the countryside, you may have a glimpse of these elegant insects who are mating during in early June for genjibotaru, and early July for heikebotaru. Remember this awfully sad movie by studio Ghibli. And bless Mother Nature to give us something so beautiful.
If you're stuck in Tokyo, well... use your imagination, and/or try your chance at the Four Seasons Hotel's park, close to Waseda.

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ADVANTAGE n°3

That's the best moment in the year to go to the museum. Today, I have visited the Mori Tower and it's great exhibition about... LOVE, yeah! "All you need is Love", from April to September 2013, at Roppongi Hills ! From Chagall to Yayoi, feel the power of Love! I got lost in the tentacular labyrinth of Kusama Yayoi, and it was just delightful...

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Don't forget to enjoy the rain! Water = Life, baby!

 

 

25 mai 2013

En colocation au Japon

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Non, vous ne rêvez pas : votre Altesse Royale a bel et bien décidé d'honorer quelques vils manants locaux en leur faisant bénéficier de sa divine présence dans leur humble demeure. Oui, je me suis installée en colocation avec trois Japonais. Quelle chance ils ont.

La raison ? Les écus, ô fidèles sujet, les écus. Le trésor royal n'est point sans fond, malheureusement. Or, c'est bien connu, Tokyo est la ville la plus cool et la plus chère du monde.

Je suis née (comme toute princesse de sang qui se respecte), en région parisienne où les prix ne sont pas particulièrement attractifs; et pourtant, après presque quatre ans de vie Tokyoïte, je grince toujours des dents devant les étiquettes des supermarchés et le prix des transports en commun. Et vous n'allez pas le croire, mais au mépris de l'idôlatrerie la plus basique, ces béotiens de Japonais ne m'offrent jamais rien. A croire qu'ils ignorent le protocole royal le plus élémentaires.

En revanche, s'il y a bien un moment où je hausse les épaules, c'est devant le montant des loyers. Certes, ils sont odieusement chers, mais à Paris aussi. Selon le cours de l'euro et du yen, ça revient bien souvent au même : une piaule minuscule pour environ 500 euros ; un studio plus habitable pour 800 ; un deux pièces à partir de 1000 ; un deux pièces confortable pour 1200. C'est ensuite que ça pêche : comme les grands appartements sont rares au Japon, les familles doivent souvent se rabattre sur des maisons de ville et là, si l'entreprise de papa-nippon ne met pas la main au panier, ça devient ingérable. Bon. Mais pour un(e) célibataire, le budget logement est le même entre la ville-lumière et la ville-néon : parfaitement ruineux.

Prenons un studio lambda à 700 euros, soit environ 75 000 yen quand le cours est stable. Voici les vraies différences entre celui de Paris et celui de Tokyo:

- Le budget emménagement est plus lourd à Tokyo, car en plus du mois de loyer d'avance, d'un mois de frais d'agence, et d'un mois (voir deux! mais négociez absolument, le cas échéant!) de caution, l'usage veut que vous payiez le fameux "reikin" : un mois de loyer en "cadeau" au propriétaire (que vous ne verrez jamais de votre vie, en plus). Scandalisée par le côté mafieux du procédé, je me suis renseignée sur l'histoire de cette infâme coutume et cela remonte aux temps anciens où les jeunes étudiants/apprentis venus des campagnes profondes pour étudier/travailler dans la capitale de l'Est débarquaient en tremblant, tous perdus qu'ils étaient dans cette post-Edo grouillante à souhait. Les parents faisaient donc un cadeau pécunier à la connaissance/cousin du cousin/ami d'ami qui leur "offrait" un toit, afin que la personne garde un oeil sur le bec jaune et l'empêche de sombrer dans le jeu ou le nihonshu. Bon. Je suis quasiment sûre qu'on a fait la même chose en douce France les siècles passés, mais maintenant qu'on est à l'époque moderne, qu'on paie déjà une agence immobilière pour nous "présenter" les lieux, et que le bienveillant proprio nous laissera probablement dépenser notre dernier yen au pachinko sans se sentier le moins du monde concerné par notre déchéance, je pense qu'il serait sage de cesser la tradition du reikin. C'est incroyable ce que les Japonais aiment mettre la main au porte-monnaie, ma parole. Enfin, grâce au ciel, la passion du reikin tend à s'affadir un peu et certains proprios ne le réclament plus. Mais tout de même, méfiez-vous, il revient souvent dans les pourparlers avec l'agence. Et s'ajoute à cela, si vous n'avez pas de garant (c'est à dire une personne japonaise financièrement solide dont vous êtes suffisament proche pour oser demander un service pareil = personne impossible à trouver lorsqu'on est étranger et qu'on s'installe au Japon, soyons sérieux), vous vous taperez aussi un demi-mois de loyer de garantie. Faites le calcul: et oui, vingdiou, c'est cher de seulement emménager à Tokyo.

Que de considérations fastidieuses pour une vraie princesse, n'est-il pas. Et on ne parle même pas de châteaux, là.

- A prix équivalent, on obtient souvent quelques mètres carrés en moins à Tokyo; mais on hérite généralement d'un mini-balcon, dont vous êtes censés vous servir pour étendre le linge, par pour vous tapêr l'apéro entre amis. Soyons fonctionnels.

- L'intérieur est souvent plus propre à Tokyo (il est commun que les proprios changent le papier peint et le parquet avant de faire raquer d'accueillir un nouveau locataire). Comme il n'y a pas d'immeubles historiques comme à Paris, les intérieurs ne sont jamais très vieux et vous n'avez ni fissures, ni lames de parquet disjointes, ni fenêtres de guingois et tout ce qui fait le charme invivable des intérieurs haussmaniens mal entretenus. A Tokyo, c'est carré, et net. Et ennuyeux : vous n'avez pas le droit de planter un seul clou au mur, ni de refaire les papiers peints à votre goût, ou alors vous ne reverrez jamais la couleur de votre caution. A Tokyo, on vit tous dans des appartements couleur crème, sans tableaux aux murs (sauf dans les logements "luxueux" où le propriétaire a fait poser une "baguette" permettant enfin de personnaliser un tant soit peu ses murs). Ce pays serait un cauchemar pour Valérie Damidot.

- Isolation pitoyable Pas d'isolation à Tokyo. Les cadres des fenêtres laissent passer le froid, les murs sont minces, et il y a des trous d'aération partout. Autant dire que l'hiver, on pèle. J'imagine que c'est pour faire vivre le marketing de la chaleur (chaussettes, sous-chaussettes et sur-chaussettes ; chaufferettes de poche qu'on glisse dans ses manteaux, voire qu'on se colle dans le dos; kotatsu et autres couettes chauffantes...). En plus, il n'y a pas de chauffage central, et les seules sources de chaleur sont le "heater" de la clim (une grosse blague) et les petites radiateurs électriques que vous acheterez en appoint (et qui font souvent disjoncter le schmilblick, d'ailleurs).

- Le contrat de location standard au Japon étant de deux ans, si vous voulez rester dans votre doux foyer à son échéance, bim, il vous faut repayer un mois de loyer supplémentaire en renouvellement. Si si si. Quel beau pays. Hé oui, l'indépendance au Japon, ça se paye. Et on s'étonne que les Japonais (surtout les filles) restent chez leurs parents jusqu'au mariage.

J'ai vécu la première année à Tokyo dans un studio de 27mètres carrés, confortable si on exclue le problème du chauffage, mais très cher car car tout près de l'Université de Waseda et payable au mois (je ne pouvais pas m'engager sur deux ans, à l'époque), ce qui veut dire : plus cher que la moyenne. A l'époque, j'avais une bourse qui me permettait de survivre façon étudiante, sans mettre un sous de côté bien sûr. Puis, à mon retour en tant que salariée locale, j'ai signé un onéreux contrat pour un deux-pièces tout-à-fait chouette me permettant d'aller au bureau à pied, et d'ainsi éviter la compression de l'heure de pointe tokyoïte dans les transports en commun : le luxe suprême. Mais c'était tout de même trop cher et à terme, lasse de ne jamais faire d'économies une fois les impôts payés, et inquiète car mon salaire arrivait irrégulièrement et j'étais souvent étranglée par le loyer, je décidai de revoir mon royal train de vie à la baisse, et de me lancer dans l'aventure de la COLOCATION AU JAPON.

Bien entendu, j'étais anxieuse à l'idée de rétrograder dans un mode de logement commun, avec toutes les entorses à l'intimité que cela suppose (surtout qu'encore une fois, personne ne s'est aperçu de ma noble ascendance... pfff, les gens sont désespérants); mais j'avais vraiment envie d'épargner davantage pour pouvoir voyager plus souvent, entre autres. C'était un choix. En ce qui me concerne, je ne le regrette absolument pas, car je suis tombée sur la colocation idéale où je me sens parfaitement chez moi, et qui m'a apporté de nombreux avantages. Histoire que cela puisse servir à d'autres, voici comment cela s'est passé, dans les détails.

1) La défintition de la cible

Objectif : une chambre individuelle (cela va de soi) avec une grande penderie (car j'ai horreur de laisser traîner des trucs au sol), à une heure à pied maximum de mon lieu de travail (il me faut marcher beaucoup chaque jour, donc si c'est trop loin je dois prendre les transports, et c'est un problème autant pour mon porte-monnaie que pour ma santé), avec une cuisine permettant de cuisiner (pléonasme ? non non, je vous assure) et pour un montant mensuel de 60 000 yen (environ 550 euros).

Il va de soi que pour le même prix, j'aurais pu dégotter un clapier à lapins pour moi toute seule. Mais l'idée, c'était de monter en gamme niveau espace (certes, en partageant ce dernier), pour un montant inférieur à celui de mes logements précédents. C'est parti !

2) La recherche de la colocation parfaite

N'ayant pas grand-monde autour de moi dont le profil me corresponde (c'est à dire, un peu à la roots niveau thunes, mais ayant tout de même l'ambition de ne pas totalement camper dans la vie), je me suis mise à chercher toute seule. J'ai vite compris que les entreprises soi-disant spécialisées dans la share-house sont des pièges à cornichons : la plupart proposent des piaules de type guest-houses, minuscules, probablement correctes pour un voyageur ou un stagiaire y logeant trois mois maximum mais pas pour quelqu'un qui a l'intention de vivre là. Souvent, les maisons sont divisées en chambres individuelles et en dortoirs; il y a beaucoup de turn-over, et c'est comme une grande auberge de jeunesse autour de parties communes sur-exploitées. A 27 ans, et après plusieurs années de vie indépendante, c'était tout de même beaucoup me demander. J'ai donc laissé tomber et je suis passée aux sites orientés vers l'international, comme Craigslist.

Sur Craigslist, les annonces particulier-à-particulier du type "une chambre se libère chez nous" sont foison et j'ai contacté plusieurs personnes.

J'ai visité une première colocation dans une vieille maison à Edogawabashi, où le vieux propriétaire et son chat occupaient une des chambres. Cela semblait correct, mais je n'étais pas très emballée. Si jamais un ami (ou plus) devait passer la nuit chez moi, je devait payer 1000yen par nuitée. Malheureusement, la plupart des share-houses avaient des règles similaires : pas d'invité qui reste toute la nuit, pas de fête à la maison. Bon. Au Japon, de toute façon, on fait le plus souvent la fête dehors, au bar ou au restaurant. Mais le coup du ticket payant pour mes invités, j'avoue que j'avais du mal à l'accepter.

Ensuite, je suis allée voir une autre vieille demeure à Shirokane. Pour le coup, la maison était ancienne, magnifique, avec son couloir extérieur donnant sur le (chaotique) jardin, ses tatamis, ses boiseries, ses panneaux de papier et tout et tout. Mais du fait de l'âge de la baraque, les parties communes étaient vétustes et faisaient sale; impossible de m'imaginer cuisinant dans ces conditions, et d'ailleurs les autres locataires avaient l'air de manger toujours à l'extérieur, ce à quoi je me refuse. Encore une fois, le coeur n'y était pas.

J'ai également eu un échange de mails avec une dame japonaise mariée avec un Français, et habitant à deux pas de mon lieu de travail. Fantastique. Elle proposait, pour le budget que je m'étais fixé, une chambre avec une salle de bain privée (intéressant !) et entrée indépendante (vraiment très intéressant!). Il s'agissait en fait d'une chambre de bonne, petite mais qui présentait des avantages évidents. Mon profil a plu à la dame, et elle a commencé à m'énoncer les règles habituelles : pas de fête à la maison, etc. J'ai commencé à tilter lorsqu'elle a glissé "bon, cela dit, lorsque chouchou et moi sommes absents, vous pourrez aller dans le salon et regarder la TV, bien sûr". Comment ça "lorsqu'ils seront absents"?? Il est évident que dans mon esprit, la colocation signifie que non seulement je loue ma chambre, mais le reste de la maison m'appartient aussi. A partir du moment où je respecte les règles du savoir-vivre en commun, j'entend bien me légumer devant la TV aussi longtemps que bon me semble, que mes colocs soient dans la pièce ou pas! J'ai donc compris que la dame confondait "location de chambre" et "colocation", et je lui ai gentiment fait remarquer. Ce à quoi elle m'a aimablement remerciée pour ma franchise et changé le titre de son annonce. En clair, elle cherchait quelqu'un pour occuper la chambre et alléger son loyer, mais qui se ferait transparente à souhait... comme la bonne, quoi. Autant dire que je ne mange pas de ce pain là.

Après ces tentatives non-concluantes, j'ai fini par me tourner vers le fameux groupe Yahoo "Tokyo Petites Annonces", THE network géré bénévolement par une gracieuse Française, et où tous les Frenchies de Tokyo postent leurs annonces : recommandations de spectacles, proposition de baby-sitting ou de coiffure à domicile, demande de conseils juridiques, et vente d'objets en tout genre lors des déménagements (par parenthèse : le plus souvent à prix exorbitant pour de la seconde-main. Mon opinion est faite : nous les Gaulois, nous sommes une incroyable nation de radins !! A mon sens, un objet utilisé, même en parfait état, devrait se brader au moins à moitié prix lorsqu'il est refourgué deux ans plus tard ! Mes compatriotes me tuent, à peine s'ils concèdent une ristourne de 10 ou 15% du prix, et encore il faut aller chercher la marchandise chez eux... Il y a-t-il des gens qui leur achètent réellement leur camelote dans ces conditions ?...). Bref. J'ai donc déposé une annonce sur ce néanmoins très sympathique et utilie forum en demandant à tous ceux qui auraient vent d'une coloc' dans mes critères, de me faire signe, merci messieurs-dames. Résultat : je fus rapidement contacté par un jeune prof de français qui, après plusieurs années de share-house, allait enfin avoir son chez-lui. Par hasard, il habitait à seulement une station d'écart de mon ancien logement; ce fut donc facile de passer après le travail jeter un oeil.

Je fus immédiatement séduite : la maison, très grande (pour le Japon), était nichée au fond d'une impasse, dans un quartier résidentiel calme. Elle appartenait à la famille d'une des locataires, qui se chargeait de faire la liaison en cas de pépin quelconque. En tout, nous étions quatre à nous partager la maison, avec chacun sa chambre + une pièce à tatami pour tous, deux WC et une salle d'eau au deuxième étage, en plus de la grande salle de bain du premier. La chambre laissée par le jeune homme était très grande, et disposait d'autant de rangements dont je pouvais rêver. La cuisine était immense, dotée d'un frigo de taille américaine et d'un four de compète. La salle de bain était grande comme un petit sento, avec espace bain et espace douche séparés, à la japonaise. Pas de jardin, mais un grand balcon. Et je restais dans un coin familier, non loin de mon ancien chez-moi; et je pouvais toujours aller au travail à pied. Côté contrat, j'allais en signer un sans reikin (ouf), sans frais d'agence naturellement, sans garant et même sans caution. Autant dire, à part le mois de loyer d'avance (normal) : un emmènagement gratuit ! Inouï au Japon ! Il ne manquait plus que le point le plus important : les règles de vie !

Je compris rapidement que j'étais tombée sur la coloc' la plus cool de Tokyo. Les trois Japonaises qui habitaient là travaillaient dans la même entreprise de design, et organisaient souvent des dîners avec des amis ou des home-parties. Je pouvais inviter qui je voulais quand je voulais, sans le moindre problème (naturellement, si un invité devait rester plusieurs semaines, c'était à moi de payer un supplément sur les factures d'eau et d'électricité, mais je trouvais ça bien normal). Pour le ménage, un roulement dans le style des écoles japonaises avait été organisé, avec un petit tableau tournant qui nous répartissait les tâches pour deux semaines entre l'aspirateur, les WC, la salle de bain, et la cuisine. Ce qui veut dire qua pendant deux semaines, il fallait tour à tour assurer la propreté d'un seul de ces quatre points. En réalité, cela fait donc beaucoup moins de tâches ménagères hebdomadaires qu'à tout faire soi-même dans un petit appart' !

Puis, pour finir de me décider, je fis la connaissance de mes coloc', trois filles à l'époque : K., la fille des propriétaires, qui s'occupait de commerce international, rarement à la maison en raison de ses déplacements; Y., jolie et souriante, que je découvrais des semaines plus tard parlant très correctement le français, la petite cachottière; et I., au calme olympien, qui allait retourner vivre dans sa famille quelques mois plus tard. En remplacement, arriva T., un designer de la même entreprise, qui devint rapidement mon coloc' préféré, tant il accumulait les avantages : toujours avide de conversations au coin du fourneau, il adorait faire le ménage (si), faisait la cuisine comme un dieu, et avait apporté avec lui un superbe piano dont il nous jouait occasionnellement des petits airs. Parfait, je vous dis. Curieusement, c'est avec celui qui était le plus incapable de parler autre chose que le japonais et qui était le moins habitué aux étrangers que je suis devenue la plus proche. Comme quoi, la linguistique et l'expérience internationale, c'est très surfait.

3) La vie en colocation japonaise

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Et me voilà à présent profitant des joies de la colocation avec mes trois Japonais, pour mon plus grand bonheur. Le plus souvent, nous ne sommes ue rarement tous les quatre ensemble à la maison, sauf lorsque nous décidons de faire une fête. Jusque là, nous ne sommes jamais battus pour la salle de bain, ayant des horaires très différents. Nous invitons souvent nos boyfriends/girlfriends respectifs et ils font comme "partie de la famille". Il y a toujours à manger partout, que nous mettons en commun - reste des fêtes et des dîners des uns et des autres. Il est facile de m'isoler dans ma chambre quand je ne veux voir personne, ou de chercher de la compagnie dans le salon quand je suis d'humeur. Je n'ai plus à me soucier des factures : K. et Y. les rassemblent et inscrivent sur le frigo le montant mensuel dû par chacun. La maison est toujours propre et accueillante.

Je recommande le système à tous les petits princes et princesses qui veulent avoir de l'espace à vivre sans trop se ruiner, converser en japonais tous les jours, et apprécier une ambiance quotidienne jeune/festive/amicale... tant qu'il est encore temps !

 L'odeur du tatami qui chatouille le nez

Le balcon envahi de vêtements à sécher

Du tofu au frigo, de la prune vinaigrée

Pas de doute, j'habite bien avec des Japonais.

 

11 mai 2013

Spring rain on Tokyo

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Just for once, let me give you a glimpse of grey, rainy Tokyo. It's Saturday, it's not cold anymore, it's not sweaty hot yet, it's just perfect... perfect to cuddle at home with a cup of tea. Alice in Wonderland on the screen. Little lemon cakes sent by my Hiroshima friend. Letters from my parents on the desk. Relax... take it easy...

 

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28 avril 2013

Love is a Flower - 昭和記念公園

Some say love, it is a river - That drowns the tender reed - Some say love, it is a razor - That leaves your soul to bleed
Some say love, it is a hunger - An endless, aching need - I say love, it is a flower - And you, its only seed

(Janis Joplin)
It was farer than expected, and my steps were heavy, but in the far-west of Tokyo was waiting Showakinen Park, and it was worth all the way. Imagine neverending hills covered with flowers, from cosmos to tulips... pure life, pure beauty... Like the heart, flowers are exposed, flowers are fragile, flowers need care and attention. Flowers are living.

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I had a flash in front of this tree. When I was a kid, I had a child book called "Noemie et le Sapin Volant" (Noemie and the flying pine tree), and this tree looks exactly like the one of the front page. I just had a google research to see if I could find the book's image or not ; nothing popped up, but I discovered that - no kidding - the author was Japanese (Kitamura). Yes. yes yes yes.

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Well, everybody hurts sometimes
Everybody cries
And everybody hurts sometimes.

(REM)

17 avril 2013

Welcome to Todoroki - 等々力渓谷へようこそ

I am keeping exploring the West side of Tokyo, especially the wide Setagaya-ku. Last Saturday, the sun was shining bright, so I decided to visit Todoroki, on the Oimachi line. There is a charming little trail in an unexpected fresh wooden valley along the stream.And a shrine at the top of the hill, or it wouldn't be Japan.

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I was enchanted by the walk, you should really go and have a look, it is a beautiful and peaceful place with plenty of green. It is rare to see such a "wild" nature around Tokyo. I just loved it.

 

 

9 avril 2013

The Big Green

The sakura season is over, but bringing even more light in the spring sky, here are coming the new green leaves! At the very end of the Inokashira line (access from Shibuya), at Kichijoji station, Inokashira Park looks like a green paradise with its long lake covered with swan-boats and its pouring sunshine.

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And guess what? It is also the source of the Kanda river, the same Kanda river I was living by during my studies at Waseda, the same Kanda river I was admiring at every season, running along and meeting tanuki and giant turtles by its riverside... The source of the magic of my first steps in Japan!

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I know, I am so easily moved to tears...

And once again, bye-bye sakura. See you next year.

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7 avril 2013

A perfume of Venezia in Tokyo

Welcome to Jiyugaoka, a trendy location in the Western part of Tokyo, just a few stops away from Sibuya. Beside the many cake shops and tea salons, a real little Venezia is there to give the final romantic touch to the town. With an authentic gondola that cannot go anywhere, because the bridge is too low. Anyway.

Jiyugaoka, the sweet city...

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...and the city of sweets (sakura pie).

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So many sweet places to discover in and around Tokyo! I can't wait...

 

27 mars 2013

Hip hip hip Sakura

Yeaaaah, I know, every year at the end of March this blog is invaded by white and pink cherry blossoms. And I tell you again and again how beautiful it looks, how poetic it is, how painful too - because of this Japanese syndrome of contemplation that breaks your heart when you think of it. And I describe again the sea of blue sheets under the trees, where more or less drunk people are getting drunker, while the falling blossoms mixes in their dark hair. And I complain because the best sakura spots are so packed, you can't even approach them during the week-end. And the weather, strangely, is always warm and kind in the week-days, and turns cold then - and THAT's pretty unfair. Always the same comments, I know. Not very original, I know.

But guess what, I just do what I want, he he he. And if I want to show you AGAIN the shape of cherry blossoms in Tokyo, well, nothing is going to stop me, right. So let's go sakura again!

Wise Sakura in Gaien-mae

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Lazy Sakura in Meguro

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Show-off Sakura at Roppongi

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Drunk Sakura at Yoyogi

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Romantic Sakura at Yokohama

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Peaceful Sakura at Aoyama

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Yummy Sakura in my plate

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How can I resist?... Spring has come.

Happy ohanami!

 

 

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